RSS

Archives Mensuelles: Mai 2011

L’Infolettre de France Univers

L’Infolettre de France Univers

http://www.france-univers.over-blog.org/

Ballets russes Un Américain au secours du françaisThéophile

GautierLa Fête du Livre Marche du 18 juinService littéraire

Claire Paulhan nous invite à l’exposition « Archives de la Vie littéraire sous l’Occupation ».

Réalisée à partir des archives de l’IMEC à l’Hôtel de Ville de Paris, cette exposition durera

jusqu’au 9 juillet. L’accès gratuit se fait par le parvis, tous les jours de 10 à 19 heures, sauf

dimanches, jours fériés, 20 et 21 juin. Claire Paulhan organise une visite guidée chaque samedi

matin ; départ entre 10 et 10 h 30 (durée : deux heures).

France Univers vient de rénover son site et de le mettre à jour avec les derniers ouvrages

parus. Rendez-vous sur : http://www.editionsfranceunivers.com

Du 25 juin au 3 octobre, une très intéressante exposition se tiendra au château de La-Chapelled’Angillon

(Cher) : « Des ballets russes au Grand Meaulnes » pour célébrer le centenaire du

ballet Carnaval qui inspira Alain-Fournier. Aux documents d’époque s’ajouteront des oeuvres

d’artistes contemporains, dont des aquarelles de Jean-Bernard Cahours d’Aspry, et des animations

: conférence, récital , etc. 06 10 20 74 94. http://www.lemondedelartetdeslettres.com

La prochaine émission de Français mon beau souci aura lieu le 6 juin de 10 h 45 à 11 h 45

(rediffusée trois fois dans la semaine) et sera consacrée aux auteurs invités par Michel Mourlet

le 19 juin à la Fête de Radio Courtoisie : Anca Visdei pour sa biographie d’Anouilh, Simon

Le Boeuf (album Villers-Cotterêts), Marc Charuel pour son premier roman paru chez Albin

Michel, Alfred Eibel (Dictionnaire Tout sur Columbo) et… Alfred de Musset. Ce dernier,

empêché pour un motif majeur, sera représenté par le préfacier des fameuses Lettres de Dupuis

et Cotonet, récemment rééditées par France Univers.

Annoncée dans de précédentes livraisons de l’Infolettre, la publication de Péril en la demeure,

Regards d’un Américain sur la langue française par R.-J. Berg, est en cours. Cet ouvrage qui

devrait faire date dans l’histoire du combat plusieurs fois séculaire pour la « Défense et

Illustration » de notre langue, est d’abord proposé en souscription, à un prix promotionnel très

inférieur au tarif librairies-VPC qui sera seul valable après clôture de la souscription. Jusqu’au

31 août 2011, le tirage réservé aux souscripteurs coûtera 19 € ; ensuite 25 €. Demander

bulletin de commande ou réserver par téléphone ou télécopie à France Univers.

L’infaillible Baudelaire l’avait reconnu comme son maître. Le bicentenaire de Théophile

Gautier, célébration nationale de 2011, nous est donc particulièrement cher et nous

répercutons avec plaisir les événements dont nous avons été informés concernant ladite

célébration (qui devrait faire aussi l’objet d’une émission spéciale de Français mon beau

souci) : reçue de Gallimard, une passionnante biographie de l’auteur d’Émaux et Camées par

Stéphane Guégan ; l’adaptation scénique du Capitaine Fracasse par Jean-Renaud Garcia,

avec Emmanuel Dechartre, au Théâtre 14 jusqu’au 9 juillet, et au Festival de Sarlat le 28

juillet ; le « Parcours Théophile Gautier » en permanence au Musée Gustave Moreau ; enfin

une étude consacrée par Michel Mourlet au grand poète-critique-conteur fantastique, à paraître

dans le Spectacle du Monde de juillet.

Nos auteurs travaillent. Après son essai biographique sur Gabriel Bacquier, Sylvie Oussenko

(les Madrigaux de Bellone, Pèlerinages) prépare un Verdi pour Eyrolles. Et elle a deux

projets : un ouvrage sur Wagner et Valeur thérapeutique du chant.

La Fête du livre organisée chaque année par Radio Courtoisie aura lieu le dimanche 19 juin ,

de 14 h à 19 h à l’Espace Champerret, rue Jean OEstreicher, 75017 Paris. Métro et bus : Porte

Champerret ; RER C : Péreire.

Rappel : la « Marche pour la langue française et la diversité linguistique dans le monde », le 18

juin, à laquelle s’associe France Univers, partira du Panthéon. Objectif : en finir avec

l’impéritie linguistique des pouvoirs publics et dénoncer ceux que le philosophe Michel

Serres, dans un article retentissant, vient de désigner comme « les collabos de la pub et du

fric » Rassemblement à 14 h 30, allocutions de Claude Hagège, Nicolas Dupont-Aignan,

Jacques Myard, messages d’Alain Decaux, Marc Fumaroli, François Bayrou, etc.

Renseignements : 01 43 40 16 51 et marche.pourlefrancais@laposte.net

On lit chaque numéro du Service littéraire de François Cérésa, le mensuel « des écrivains fait

par des écrivains » avec un émerveillement teinté d’incrédulité : ce n’est pas possible qu’un tel

journal, aussi intelligent, drôle, non-conformiste, existe aujourd’hui ! Eh bien si. On le trouve même en kiosque. 24, rue de Martignac, 75007 Paris. 01 47 05 25 64. http://www.servicelitteraire.fr

 
Poster un commentaire

Publié par le Mai 31, 2011 dans Uncategorized

 

Les fantômes de Mr. Bill. Le fer et le feu, d’Alexandre Mathis

Georges Rapin, 22 ans, fils de famille riche, ayant reçu une solide éducation, d’une intelligence très vive, d’une apparence agréable, attiré par le Milieu, se fait appeler Mr. Bill. Il fréquente les cabarets de Pigalle. Pour se donner une stature, il lui faut une groupie, ce que Dekobra appelle une « grue spleenitique ». Ce sera Dominique, jeune entraîneuse, avec qui il entretiendra des rapports conflictuels. Bill est un cinéphile à sa manière dans ce Paris insolite des années 50 avec des cinémas partout autour de la place Pigalle. Bill se voit en Alan Ladd, en Dan Duryea, en Dillinger, en voyou dans un roman noir d’André Héléna. Il abat Dominique dans la forêt de Fontainebleau. A moitié morte, il l’arrose d’essence, la fait brûler vive. Condamné, il sera guillotiné. De cette authentique affaire criminelle Mathis fait défiler devant nous l’intégralité des pièces du dossier, incluant les films qui ont marqué l’époque. Entre ce qui se passe sur l’écran ou va se passer dans la vie de Bill, il y a corrélation ; de Bill, au film projeté, on peut imaginer que c’est lui qui inspire les évènements du film. Abandonnant les astuces du roman, dialogues, digression, coups de théâtre, paysages, psychologie, Mathis nous propose une enfilade de documents incontestables. Le lecteur prend acte des faits inamovibles, qui sont implacables. A la fin de la tragédie il se passe quelque chose de bizarre : la possibilité d’une autre lecture des évènements. Ecrivain novateur dans la littérature française d’aujourd’hui, Alexandre Mathis renvoie au néant la plupart des romans fabriqués à la sauvette, imposant un genre convaincant, c’est le moins que l’on puisse dire.

Alfred Eibel

Editions Leo Scheer, 357 p., 19 €.

 
1 commentaire

Publié par le Mai 28, 2011 dans Uncategorized

 

Un libraire en colère, d’Emmanuel Delhomme

Cela fait quarante ans qu’on entend geindre les libraires. Raréfaction des lecteurs, difficultés à boucler les fins de mois. Le grand libraire que fut Max-Philippe Delatte a été obligé de quitter sa belle librairie rue de la Pompe pour une surface plus modeste rue Gustave Courbet. La librairie est un commerce, comme l’édition. Il ne peut y avoir de bon samaritain quand on sait que la vente des livres a encore chuté de 30%. Cher monsieur Delhomme, inutile de vous mettre en colère la galaxie Gutenberg est sérieusement en danger. Lire était une aventure personnelle , un privilège, une manière d’avoir prise sur le monde. Ce n’est plus le cas. On peut se passer de livres sans passer pour un idiot. Croyez-vous sincèrement, cher monsieur Delhomme, qu’un lecteur peut encore connaître des joies inoubliables ? Ceux qui ont beaucoup lu lisent moins, ou plus du tout, et ne s’en portent pas plus mal. Votre courroux, cher monsieur Delhomme est respectable même si vos arguments restent parfois vagues. Il faut se faire une raison, une hirondelle ne fait pas le printemps.

Alfred Eibel

L’Editeur, 93 p., 11 €.

 
Poster un commentaire

Publié par le Mai 27, 2011 dans Uncategorized

 

DICTIONNAIRE DES FILMS FRANÇAIS PORNOGRAPHIQUES & ÉROTIQUES, sous la direction de Christophe Bier

Ce Dictionnaire est une somme critique et documentaire sans équivalent livresque à ce jour, qui éclaire en détail un secteur largement inexploré de notre cinéma. L’historien y trouvera un matériau exceptionnellement riche, couvrant de façon approfondie un corpus de 1800 titres allant du « coquin » au hardcore en passant par le sexy, l’érotique et le softcore. Une trentaine de spécialistes et érudits se sont joints à Christophe Bier pour ce travail de grande ampleur (près de 1200 pages, incluant l’index des noms, la chronologie des films, les coproductions minoritaires et les films étrangers « francisés »). Le lecteur apprécie d’emblée le sérieux et la densité de l’écriture, en mesurant l’immense écart qui s’est creusé depuis l’époque où les fanzines constituaient la principale source d’information du cinéphile et du curieux. On retrouve avec plaisir au sein de l’équipe rédactionnelle plusieurs piliers d’ Image et Son et la Saison cinématographique qui, au milieu des années 1970, donnèrent toute sa légitimité à la critique du X. Le sérieux de leur approche a fait école, hissant cette critique à son plus haut niveau, tout en bannissant résolument l’hermétisme, l’érudition vaniteuse, l’allusion pour initiés, l’humour grivois ou potache. Même la connaissance la plus élémentaire du cinéma érotique permet d’apprécier ce Dictionnaire à l’écriture attrayante et à la lecture aisée, dont chaque notule se révèle instructive donne envie de poursuivre.

Dans sa préface, Christophe Bier rappelle utilement le contexte de l’émergence du X et France, puis le coup de massue de la Loi de Finances de 1975, qui étouffa le genre à peine naissant, le vouant à un dépérissement inexorable.

Toutes les salles spécialisées ont aujourd’hui disparu, et, depuis 2005, le CSA interdit la diffusion des films 35 mm tournés sans préservatif (soit la totalité des longs métrages produits en France entre 1974 et 1996).

C’est donc d’un genre fantôme, devenu légende, que l’équipe Bier s’est attachée à dresser l’état et à retracer l’histoire complexifiée par une abondance de pseudonymes, de génériques fantaisistes, de retitrages, de remontages, de doubles ou triples versions et de phagocytages. Aucun genre ne pose autant de problèmes au documentaliste et ne demande d’aussi persévérantes recherches, mais j’ai idée que ces difficultés ajoutent au bonheur de ces aventuriers des plaisirs perdus…

Pour me faire une première idée de cette somme, j’ai lu arbitrairement les 30 premières fiches. Aucune n’était rédigée à la légère, toutes contenaient des éléments utiles, qu’il s’agisse du film (prétendument) « trans » ADAM « EST » ÈVE, du premier Benazeraf hard, ADOLESCENCE PERVERTIE, dont les différents états sont nous nous restitués avec une précision entomologique, d’ADOLESCENTE POUR SATYRES de Reinhardt, sont les dichotomies structurelles sont étudiées avec une extrême finesse, etc. Au bout quelques pages, il m’est apparu que la qualité des analyses dépassait celle de la quasi-totalité de nos dictionnaires de cinéma (dont j’exclus les recensions bâclées de Jean Tulard). Nous tenons là le « Lourcelles » de l’érotique et du X.

Olivier Eyquem

Ouvrage publié avec le concours du Centre national du Livre, le soutien des Archives françaises du film-CNC, de la Cinémathèque française, de la Cinémathèque de Toulouse, du Musée de l’érotisme, etc.

Éditions Serious Publishing, 72 rue de Turenne, 75003 Paris

http://www.serious-publishing.fr

 
Poster un commentaire

Publié par le Mai 27, 2011 dans Uncategorized

 

La Duchesse de Singapour, de Sophie Jabès

A Singapour se retrouvent Eva et son mari Pierre ; mais Pierre ne cesse d’enjamber les capitales, ses affaires d’abord. Il laisse sa femme seule s’enfoncer lentement dans un Etat où les dames seules restent forclose dans la chaleur vacante, le désœuvrement et un semblant d’activité donnant l’impression d’être inséparables. Sophie Jabès rend cela dans ses infinis chatoiements. Le ciel est tiède, l’ai conditionné, les rites immuables, les sourires de rigueur. La retenue est essentielle. Le monde pourrait s’effondrer au moindre écart. Les Françaises résidentes passent leurs journées à arrondir les angles dans le paradis des angles arrondis ; à quoi il faut adjoindre de riches Chinoises qui minaudent ou font leur mijaurée ; à quoi il faut arrimer de mystérieuses rencontres. C’est le cas de la Duchesse dont la réputation est telle qu’elle ne peut se résumer, étant indéfinissable, en dépit de commentaires insidieux, dans un monde en apesanteur. Apathie rime avec torpeur, tiédeur avec saveur, moiteur avec mollesse. Eva va découvrir que la Duchesse a sa morale : « glauque et collante ». Avec cette à la recherche du temps perdu singapourine Sophie Jabès nous promène avec un beau talent dans une société qui ne cesse de se lisser, d’embaumer chaque minute, de distiller des remarques saugrenues, d’arracher des soupirs à l’âme des femmes tout en les étourdissant par des parfums lourds.

Alfred Eibel

Editions Pierre Guillaume de Roux, 251 p., 20 €.

 
Poster un commentaire

Publié par le Mai 22, 2011 dans Uncategorized

 

Les métamorphoses d’Eleusis, d’Alain Page

Dans ce roman digne des meilleurs feuilletons du XIXème siècle, sous couvert d’une intrigue qui peut donner l’impression d’être tirée par les cheveux, on décèle en filigrane quelques thèmes majeurs : la manipulation de la presse, les associations à buts non déclarés, le terrorisme sous ses formes les plus insidieuses, le mensonge érigé en vérité, la multiplications des clans, castes, camarillas, les grandes lessiveuses de l’argent sale, les hauts faits historiques dévoyés, les nouveaux diktats, les nouveaux oukases, la délation revêtant la tunique de la morale, le lavage de cerveaux : doutons de tout pour ne pas nous compromettre. Il y a trente ans les compagnons d’Eleusis jetaient dans l’économie mondiale des tonnes d’or pour saper les monnaies. Aujourd’hui reconstitués, leurs successeurs menacent de révéler qu’ils sont détenteur d’un métal neuf à côté duquel l’or fait figure de cuivre. A Paris, Romain, secondé par son amie Lola, est convoqué par un notaire pour l’ouverture d’un pli devant contenir un manuscrit laissé par son père : Le dieu sans visage. La grosse enveloppe ne contient que des feuilles blanches. Qui s’est emparé du manuscrit ? Que révèle-t-il? Partis pour la Grèce où le père s’est suicidé, Romain et Lola vont s’enfoncer dans un inextricable mystère qui comporte de multiples dangers, le jeune couple n’ayant pas conscience que ceux ou celles qu’ils rencontrent pratiquent l’amalgame de faits les plus contradictoires. Le styliste qu’est Alain Page pratique l’humour, la dérision en douceur, mène son histoire de main de maître. Et si Hergé avait tout compris avec Le secret de la Licorne ? Et si les plus secrets conseils ne se trouvent jamais aux antipodes ?

Alfred Eibel

Le Cherche-Midi – Collection NéO, 715 p., 22 €.

 
Poster un commentaire

Publié par le Mai 14, 2011 dans Uncategorized

 

Les poissons sont indomptables, de François Feer

Si vous aimez les fruits de mer, vous aimerez les poissons impassibles. Plongeur en océan, François Feer leur trouve du caractère, de la tenue, observe leurs ébats, entrechats, l’art de prendre la poudre d’escampette, leur voracité ; parfois, poissons laids à faire peur, fanfarons, acrobates, mimes sublimes, promenant une gamme de couleurs à rendre jaloux un couturier, sans omettre leurs valses hésitations. En comparaison, le carnaval de Rio paraît pâlichon et convenu. Si l’homme est un loup pour l’homme certaines espèces des profondeurs sont de drôles de paroissiens pour leurs congénères. En résumé, François Feer nous fait comprendre que le monde du silence reproduit nos propres codes, nos us, nos coutumes, nos affèteries. Gros poisson se fait déparasiter, décaper, décrasser par plus petit que soi et pourtant La Fontaine n’est pas passé par là ! L’homme sans fin inassouvi, non content de polluer la planète, s’attaque aux grands fonds pour bouloter, pour le malheur des espèces rares. Ce monde des profondeurs abrite « nombres de couples qui, bien que mal assortis, vivent de vibrantes aventures symbiotiques ». Ce joli livre écrit bien mine de rien l’est avec désinvolture, avec cette attention qui ne laisse passer aucune cheville. Nous sommes tous des épaves, écrivait Louis Scutenaire. Nous savons que l’humour ne se noie jamais. 

Alfred Eibel

Le Dilettante, 252 p., 20 €.

 
Poster un commentaire

Publié par le Mai 6, 2011 dans Uncategorized

 

Profil : Michel Mourlet ou l’exemple qui confirme la règle

Du temps où nous travaillions pour l’Office Catholique du Cinéma nous participions à la constitution d’un répertoire comprenant les films sortis de l’année avec leurs cotations (pour adultes, pour ados avec réserves, etc). Alors que le responsable de l’office discutait avec nous sur les films, notre façon de voir ne s’accordait pas invariablement avec celle de cet homme d’une infinie générosité. Il parlait du scénario, de la mise en images du sujet ; nous affirmions que la vérité d’un film ne se situe pas dans le scénario mais dans la mise en scène. Cette mise en scène comme langage chère à Michel Mourlet. Autrement dit, la capture du réel par le metteur en scène, ce qui relève de la gestuelle des acteurs, de leur regard, de leur position à l’intérieur du décor, dans la variété des plans faisant sentir la réalité du monde. Si bien qu’à propos du Cardinal d’Otto Preminger nos points de vues divergeaient. Viridiana de Luis Buñuel pouvait apparaître comme un film chrétien. A nos yeux, il n’est qu’un film blasphématoire. Il importe, précise Michel Mourlet, qu’un film doit s’adresser simultanément à nos sens, à nos sentiments, à nos facultés intellectuelles. A partir de ces données Mourlet, partisan d’une narration spécifiquement cinématographique soutient des metteurs en scène aussi différents que Howard Hawks, Eric Rohmer, Joseph Losey, Tarkovsky ou Samuel Fuller. Comment faire comprendre que Le tigre du Bengale et Le tombeau hindou de Frittz Lang présentent « une dimension contemplative qu’on peut dire heureuse » qui transcende le sujet, l’ensemble apparaissant selon Lang « comme une masse de fonte ». Voilà qui nous oppose à ceux qui voient dans ces films d’agréables vignettes, insensibles par ce qui porte le film, confondant, par exemple, en ce qui concerne les films à costumes de Cottafavi, la réalité de l’Histoire avec ce que souligne la mise en scène, à savoir l’amour, la soif de pouvoir, les désirs contradictoires des personnages.

En littérature disait Alexandre Dumas « l’homme de génie ne vole pas, il conquiert ». S’approprier une histoire en littérature pour la rendre belle, pour lui donner un sens, avec logique et lucidité, est autre chose que de déclarer à propos de n’importe quel ouvrage, c’est un beau livre ; d’ajouter, nous recommandons ce livre admirablement écrit. Ici on se retient de pouffer de rire devant tant de généralités qui autorisent ceux qui décident de la vérité en littérature de faire passer la rampe à des livres de qualité plus que moyenne. Dans ses Instants critiques Michel Mourlet se cabre devant ces livres qui font l’objet de toutes les considérations officielles parce que d’une actualité brûlante et par voie de conséquence possédant une valeur absolue. A ceux qui ont l’outrecuidance de chercher à  comprendre ce que tel auteur a voulu dire, on lui fait comprendre qu’il est trop curieux à vouloir chercher la vérité en solitaire. Le lecteur qui a de l’oreille, de l’esprit, qui ne marche pas dans les combines officielles, on le traitre de déviationniste.

L’œuvre de Michel Mourlet s’inscrit dans le prolongement d’un Jean Paulhan dont il faut se rappeler qu’il publia en 1941 Les fleurs de Tarbes ou la Terreur dans les Lettres. Julien Benda, de son côté, dans France byzantine publié en 1945 accuse de gratuité, d’incohérence, d’hermétisme, de préciosité, une littérature de l’épate qui transforme d’invérifiables théories en pratiques thérapeutiques. On nous souffle : ralliez-vous au bien pensant ; vous serez assuré de ne pas déclencher d’avalanches ! Un regard sur le passé confirme que l’intelligentsia n’a jamais cessé de se tromper. Roger Judrin s’exprime comme suit : « savoir c’est savourer ». Sommes nous capable de savourer un texte ? Dans ses Ecrivains de France. XXème siècle Michel Mourler ne dit rien d’autre et prend quelques exemples lorsqu’il cite Vialatte à propos de Jacques Chardonne « une eau de vie pour grands dégustateurs ». De l’œuvre d’André Fraigneau Mourlet parle de « la phosphorescence des mots, des sentiments, des images ». Interrogeant Henry de Montherlant à propos de son théâtre celui-ci répond à Mourlet : « Ce sont des pièces de gros plans ».

Le lecteur s’apercevra que les trois livres s’épaulent, s’emboitent les uns dans les autres, s’ajustent exactement. La modernité qui est l’objet de toutes les consécrations officielles n’est pas une valeur absolue.

Alfred Eibel
L’écran éblouissant. Voyages en cinéphilie, Puf, 294 p., 25 €

Instants critiques. Le temps du refus IV, Alexipharmaque, 175 p., 20 €

Ecrivains de France. Xxème siècle, France Univers, 344 p., 24 €.

 
Poster un commentaire

Publié par le Mai 3, 2011 dans Uncategorized

 

Occupe-toi d’Arletty ! de Jean-Pierre Lucovich

On s’amusait comme des fous à Paris sous l’Occupation, on s’en mettait plein la lampe, la ville semblait peuplé de femmes sans maris. Le One two two de la rue de Provence tournait à plein régime. Boxon réputé, il recevait les meilleurs de la Wehrmacht, collabos, Gestapo, basse police, actrices célèbres. Tous banquetaient ensemble ; tous, s’affairaient à décapsuler la roteuse à tour de bras. C’est dans ce contexte qu’Arletty recevait des petits cercueils et des menaces de mort. Fils de flic, Jérôme s’installe détective privé. Une singulière traversée de Paris attend ce jeune homme chargé par Arlette de découvrir les coupables. Jérôme enquête, interroge Yvette, la femme de chambre d’Arletty, Carette, Suzy Solidor, une comtesse. Est-ce la Résistance qui en veut à Arletty ? Et que vient faire ici Dita Parlo ? Une chose est sûre, Jean-Pierre Lucovich s’est mobilisé pour nous mettre dans le bain. Rien ne manque, ni Mireille Balin, ni Viviane Romance, ni Ginette Leclerc, ni Rina Ketty ; on sifflotait couché dans le foin avec le soleil comme témoin dans ce Paris indécent et amoral, monde de la nuit peuplé d’individus peu fréquentables, de gens pas toujours recommandables, de salopards, de crapules; d’ordures qui, grâce à la dextérité de l’auteur ne facilitaient pas la tâche de Jérôme, un garçon bien sous tous rapports naviguant entre délateurs, trafiquants, notaires véreux, assureurs marrons et gigolos, tous plein de hâbleries.

Alfred Eibel

Plon, 248 p., 19 €.

 
Poster un commentaire

Publié par le Mai 3, 2011 dans Polar