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Jean-Luc Coudray, Lettres de burn-out

Cinquante lettres. Autant de façons de jeter l’éponge. Fatigué de consulter, d’être consulté, arrêter de rendre service, bye ! bye ! les amis. Rien de pire que les bonnes dispositions prêtées aux auteurs dans l’obligation de décevoir la direction, ses collègues. L’égoïsme est la bonne solution pour ne pas sombrer à répéter les mêmes choses. On vous faisait confiance. C’était pointer l’erreur ! Au bout de tant de temps, ne plus avoir envie de le faire. Comme le notait Herman Melville. Être différent comme le notait Eugène 0’Neill. Quitter femme et enfants. Entendez ici les pleurs insupportables. Choisir la grasse matinée. Imaginez la tête de Charles Laughton modeste employé lorsqu’il vient de gagner à la loterie. Être un pilote et en avoir ras le bol. Imaginez la tête des voyageurs qui se croyaient obligés d’atterrir sur une île lointaine ou sur un continent aux antipodes. Couper court à un entretien comme ce fut le cas de l’écrivain américain Frédéric Prokosch pour terminer sa partie de bridge et s’en aller à la chasse aux papillons. Imaginez une femme renonçant à être belle. Trop d’hommes lui courraient après. Prendre ses responsabilités c’est bon pour les autres, ça fatigue les neurones. Ne jamais rater un renoncement possible. Renoncer est une façon d’être soi-même. Une bonne lettre de démission est toujours ça de pris sur de longues explications foireuses. La fatigue nous empoigne, le saviez-vous ? Ne plus répondre au téléphone. Quel bonheur ! Voici un lot d’extravagances auxquelles le simple péquin ne songe pas parce que trop timoré comme ce directeur aveugle d’entreprise. Hors celles-ci, pas d’autre monde !

Alfred Eibel.

Éditions Wombat, 192 p., 16 €.

 
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Publié par le décembre 3, 2020 dans Uncategorized

 

C.F.Ramuz, Posés les uns à côté des autres

Le style de C.F.Ramuz (1878 – 1947) n’est pas facile d’accès à cause notamment de son aspect parlé. L’ouvrage, resté inédit de son vivant, se caractérise par une série de personnages dans un village vaudois. Hommes et femmes n’ont pas grand-chose à se dire. Ils ruminent, expriment parfois leur joie discrètement, puis soudain se posent la question de leur utilité sur terre. Tout leur semble étriqué. Rien ne s’accélère. La nature prend sa part. Chaque jour les mêmes gestes, peu de paroles, de la patience. Tout est solennel y compris la pauvreté avec quelque chose de biblique. Une forme de douceur s’installe dans cette campagne où le moindre détail a son importance. On dirait que les arbres chantent, que rien ne s’accélère dans un ensemble de mouvements lents qui permet à l’écrivain de saisir les détails les plus ordinaires. Les personnages de ce livre ne semblent être reliés à rien parce qu’il ne faut pas penser, parce que penser est une maladie. Les instants heureux sont à peine lisibles dans ce que Gustave Roud (1897 – 1976) appelle « campagne perdue ». Quand on ne se sent plus relié à quoi que ce soit, on éprouve la terre ferme. L’évènement est clos. On vaque à ses occupations. Ici, Ramuz a rassemblé autant d’eaux-fortes que de personnages. Il arrive qu’on se suicide, on se pend. Le corbillard n’est pas loin. La terre est profonde. Une fois revenu, la terre est ferme. On revient à son savoir-faire. Qui sommes-nous au juste ? C’est cela auquel le lecteur est confronté.

Alfred Eibel.

Éditions Zoé poche, 304 p. 11 €.

 
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Publié par le décembre 3, 2020 dans Uncategorized

 

Christian Estèbe : La vie fugitive mais réelle de Pierre Lombard, VRP.

Pierre Lombard vient de quitter un éditeur spécialisé dans le sandwich littéraire à la portée d’un lectorat qui ne lit pas d’habitude. Pour Pierre Lombard, il faut qu’un livre soit un aliment ou un fortifiant de l’esprit comme le suggérait Albert t’Serstevens. Œuvres fortes qui font partie de ces libraires anticonformistes qui se font rares mais qui existent toujours, avec lesquels Pierre Lombard approfondit sa propre existence. Il se demande au bout du compte si la vraie vie ne gît pas au fond de ces œuvres et que la vie courante, banale, grise n’est qu’une illusion de plus sur ce que nous sommes. Et voici que Pierre Lombard sans travail traîne ses guêtres, rencontre quelques amis, revoit son ex-femme Muriel. Il apparait alors comme un de ces personnages angoissés dignes de Georges Simenon. Une vie faite de déceptions, de dérapages mais également de rencontres imprévisibles. Voici soudain que Pierre Lombard reprend du service en représentant de petites maisons d’édition auprès d’un certain type de libraires derniers défenseurs d’écrivains oubliés. Un tournant dans la vie de Pierre Lombard. De nouveaux horizons, de nouvelles perspectives, un ciel plus clair. Roman écrit dans une prose juste de ton. (Christian Estèbe a été représentant en librairie pendant trente ans).

Alfred Eibel.

Éditions Finitude, 220 p. 17,50 €.

 
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Publié par le novembre 3, 2020 dans Uncategorized

 

Pierre Lemaitre : Dictionnaire amoureux du polar

Bien entendu, Pierre Lemaitre ne sélectionne que les auteurs qui l’ont passionné, si bien qu’on pourrait être surpris de ne pas trouver d’éloges pour des écrivains connus vis-à-vis desquels il exprime un dissentiment. Par exemple, Agatha Christie trop schématique ; ou tout simplement l’absence d’écrivains qui n’ont pas retenu son attention. On ne peut pas aimer tout le monde. Mais quand il s’attache à un écrivain, il avance les bonnes raisons de son attachement. Ne pas oublier que dans l’œuvre d’un écrivain il y a des réussites, parfois des égarements ou des faiblesses. Pierre Lemaitre met aussi en avant des auteurs oubliés comme Francis Ryck ou les romans d’Horace MacCoy qu’il trouve formidables. Il vous dit tout ce qu’il faut savoir sur James Ellroy, sur l’homme et ses livres. Il n’est pas question de faire l’impasse sur Raymond Chandler, ni sur Dashiell Hammett, encore moins sur Jim Thompson ni d’ailleurs sur Tonino Benacquista, Maurice G. Le Dantec, Colin Dexter, Jean-Claude Izzo, Dominique Manotti, Fred Vargas. J’en passe et des meilleurs. Et l’on découvre dans ce dictionnaire une ribambelle d’écrivains moins célèbres ou qui nous ont échappé. Mais la grande question ici abordée est celle des traductions. Des collections réputées aux traductions contestables ou fautives ; pire, des passages entiers écartés, ce qui fait que le roman devient un autre livre. En résumé, ce dictionnaire indispensable nous révèle toutes les nuances possibles sur des auteurs que Pierre Lemaitre a si bien su explorer.

Alfred Eibel.

Éditions Plon, 816 p. 27 €.

 
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Publié par le novembre 3, 2020 dans Uncategorized

 

Gottfried Keller : Les gens de Seldwyla

Gottfried Keller (1819 – 1890) écrivain suisse de langue allemande, l’un des meilleurs de son temps. Ses contes, ses nouvelles ou petits romans rassemblés ici le démontrent avec évidence. Certains titres paraissent mystérieux : Le petit chat miroir. De plus, la ville de Seldwyla n’existe que dans l’imagination de Keller. Henri le vert signifie simplement qu’Henri a revêtu l’habit vert de son père. Texte autobiographique qui raconte les difficultés, sinon les défauts, de sa sensibilité pour accéder à un équilibre à cause de son manque de volonté. Si l’on peut considérer ce texte comme un roman de formation, Keller, devant le sérieux de cette situation, instille une dose d’humour pouvant aller jusqu’à la satire, jusqu’à la caricature même. Car au fond Keller est un solitaire qui a une vision tragique de l’existence. Même ses histoires gaies véhiculent un fond de tristesse. Ce qui intéresse Keller, ce sont les gens ordinaires situés dans leur paysage. Son œuvre se situe entre romantisme et réalisme. Certains textes passent brusquement de la poésie à des pensées chimériques. Pour la première fois ce classique de la littérature allemande est disponible en français.

Alfred Eibel.

Éditions Zoé, 656 p. 26 €.

 
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Publié par le novembre 3, 2020 dans Uncategorized

 

Liouba Bischoff : Nicolas Bouvier ou l’usage du savoir

Nicolas Bouvier (1929 – 1998), écrivain voyageur, iconographe et photographe. Apprécie ce que chaque pays offre de plus rare et de plus immédiat. Favorable à la culture savante, Bouvier l’est également à la culture populaire. Il raconte sans préjugés ceux qui savent encore vivre en paix. Pour être un voyageur digne de ce nom, il faut être doué d’une œil perspicace, capable de voir les choses de tous les jours, les plus infimes. Autrement dit l’usage du monde, titre d’un des livres de Nicolas Bouvier. Ce que Liouba Bischoff appelle dans son remarquable essai « les écritures de l’espace ». Ce que l’écrivain Kenneth White, lui aussi voyageur, soulignait : avoir mille livres et parcourir mille kilomètres. Voir et tout savoir à travers les montagnes, les déserts, les hivers et les étés. Ne pas lire avant le voyage, avoir une vision la plus globale possible, grappiller un peu partout sur la planète. Remonter aux sources de la culture. À la fin, c’est bien le voyage qui donne envie d’écrire entre Orient et Occident. Un voyage en appelle inévitablement un autre. Bouvier se méfie des spécialistes, dénonce un savoir non seulement ornemental qu’il appelle « vanité d’un savoir scolaire accumulatif ». En fait, il faut être nomade comme Maurice Chappaz ou Jean-Marc Lovay. Le voyage est aussi une question de godasses.

Alfred Eibel.

Éditions Zoé, 272 p. 21 €.

 
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Publié par le novembre 3, 2020 dans Uncategorized

 

Hélène Rochette : Le Paris de Claude Sautet

Classes tous risques : La cavale du début, le rythme que Claude Sautet comparait à un batteur de jazz (exemple : Buddy Rich). Claude Sautet est nourri de jazz, de cinéma américain, de littérature américaine. Nombreuses photos, d’entretiens, d’informations inédites. Tout y est depuis l’enfance, l’adolescence, les difficultés, la brume de Carné, Paris sous tous les angles possibles, un ciel chargé. Les bistrots, les restos, caboulots et autres troquets. C’est l’univers dans lequel Claude Sautet fait évoluer ses personnages. Copains, potes, poteaux, sans oublier l’amour. Le cinéma de Claude Sautet tient à une ambiance particulière. Dans les accolades tout est expression. La bouffe crée de la solidarité et la DS fait partie de la figuration intelligente. Ses films sont des rencontres improbables. Des amitiés solides, des moments magiques, le rire. Des instants presque religieux, les amours manqués. Tous sont installés autour d’une longue table mais au fond d’eux-mêmes ils demeurent seuls. Il faudrait rééditer les romans de Claude Néron, si proche collaborateur de Claude Sautet. Nous pensons qu’il y a, dans Max et les ferrailleurs, épars sans doute, des éléments personnels liés à Claude Sautet. Et quand on l’a connu, on se rend compte à quel point le film Nelly et Monsieur Arnaud est autobiographique.

Alfred Eibel

Album Éditions Parigramme, 19,90 €.

 
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Publié par le octobre 11, 2020 dans Uncategorized

 

Anne-Marie Schwarzenbach : Les forces de la liberté. Écrits africains (1941 – 1942)

Anne-Marie Schwarzenbach (1908 – 1942), avec Ella Maillart (1903 – 1997), est la voyageuse la plus affranchie de toute aliénation intellectuelle. Elle abandonne l’Europe, embarque pour le Congo devenu le cœur de la France libre, accepte ce qui est inéluctable malgré l’humidité d’un climat éprouvant et note dans son journal intime le moindre fait, le moindre événement d’une traversée qui apparait sans fin, malgré les nombreuses escales, la douceur et la douleur dans toute leur ampleur, le plus petit événement, le plus léger frémissement. Les journées se ressemblent, la solitude est là avec ses joies et ses douleurs, et le danger qui est comme une ombre qui avance. Une nouvelle forme de vie s’installe avec d’autres horaires, avec des rapports humains auxquels elle ne s’attend pas, avec un nouveau brassage de peuples, et tandis que le bateau progresse, elle se demande si tirer des plans sur la comète a encore un sens. Elle se sent expulsée de ses habitudes sous un ciel pesant ; regarder passer des ruines, subir des vents forts. À bord, parfois des intrigues, des querelles et des individus aux désirs futiles, et la forêt équatoriale qui ronge le monde et le tourmente. Et puis c’est aussi l’exactitude du regard d’Anne-Marie Schwarzenbach, son impulsion à dire et à raconter les choses les plus ordinaires, la simplicité de son écriture, sa patience mise à rude épreuve, ses pensées sans cesse tournées vers le continent qu’elle a été obligée de quitter et sur lequel s’est installé un combat des plus inquiétant.

Alfred Eibel

Éditions Zoé, 224 p. 30 €.

 
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Publié par le octobre 11, 2020 dans Uncategorized

 

Frederick Exley : À la merci du désir.

Après Le dernier stade de la soif, après L’épreuve de la faim, voici À la merci du désir, une suite de confessions intimes, de récriminations avec une précision maniaque, à quoi s’ajoutent l’angoisse, le côté taciturne de Frederick Exley (1929 – 1992). Des rencontres hors norme, des divagations auxquelles l’auteur insère quelques filles superbes. Un livre à faire rêver portant à bout de bras des héros réels qui s’affranchissent des règles de vie; de merveilleux affabulateurs intarissables qui ne cessent de déblatérer, accablés par leurs dispositions à la tristesse provenant d’une cause physique ou morale, suivant la préférence accordée au lecteur qui s’invite ici avec importance. Des gars qu’il faut parfois supporter lorsqu’ils délirent ou dont il faut se réjouir lorsqu’ils donnent dans un humour qui manque de comique. Mais il n’y a pas que cela, on y trouve coincés entre les pages des neurasthéniques, des hypocondriaques. En résumé, un pas dans l’histoire des États-Unis. Le poète américain E.E. Cummings résume parfaitement le noyau même de ce livre ou plutôt de cette odyssée: « Arriver/vite en courant/filer d’un bon pas/avec moi maintenant/bondit/rit/danse/pleure un bon coup».

Alfred Eibel.

Éditeur: Monsieur Toussaint Louverture, 441 p. 26 €.

 
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Publié par le septembre 18, 2020 dans Uncategorized

 

Message d’Alain Schuster

Ci-joint quelques lignes sur mon dernier roman « POISSONS ROUGES… SANG », roman que je souhaite soumettre à votre appréciation.
« POISSON ROUGE… SANG » est la chronique d’un personnage que d’aucun pourrait qualifier de « salaud ordinaire ». Mais un salaud ordinaire dont la vie va basculer insidieusement dans quelque chose ; un quelque chose qui n’a plus rien d’ordinaire et où cauchemar et réalité semblent se confondre.
Si, petit intermittent du spectacle, votre chemin croise un homme en noir avec six doigts à une main qui tient absolument à résoudre vos problèmes sentimentaux, combien de temps vous restera-t-il pour découvrir que la vraie vie ce n’est pas du cinéma…
« L’amour c’est comme une malédiction, ou plutôt une maladie qui altère gravement le bon fonctionnement de votre organisme tant sur le plan physiologique que sur le plan psychologique.

Quand on prend conscience de l’étendue des dégâts, il est souvent trop tard. »

Alain Schuster (*)

PS. Quelques Mots clefs : Meurtre / Suicide / Tueur à gages / Vengeance / Pédophilie / Echangisme / Sciences occultes / Golf / 13ème RDP / Safari / Secte / enquête

 
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Publié par le août 30, 2020 dans Uncategorized