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Archives Mensuelles: février 2020

Gemma Salem : « Où sont ceux que ton cœur aime »

À situer entre Valery Larbaud et L’orient Express d’Agatha Christie avec arrêt prolongé sur la tombe de Thomas Bernhard. Mauvaise pioche, paroles de réprobation contre l’Autriche avec des dispositions naturelles à la mauvaise humeur. Un génie en quelque sorte. Mais ce n’est pas la seule tombe qui secoue Gemma Salem au cours de sa tournée des célébrités disparues. La question qui est en suspens : où se poser, s’intégrer, s’assimiler ? Paris, Vienne ? Mais la mobilité de son esprit fait qu’il est difficile de trancher car ce monde si vivace qu’elle a connu est maintenant dans les tombes. Un monde ophulsien, étourdissant, musical et littéraire. De plus, il est difficile pour Gemma Salem de résumer ce qui est multiple : c’est la simplicité des événements qui fait que l’on bifurque. La nostalgie est tout ce qui a été un jour ou l’autre d’un commerce familier. Ce petit livre pose la question de l’Europe qui fut et que Gemma Salem ne fait que visiter avec quelques battements de cœur devant ce qu’elle n’entend plus, ce qu’elle appelle « une vie comme dans les livres ».

 

Alfred Eibel

Éditions Arléa, 88 p., 16 €.

 
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Publié par le février 26, 2020 dans Uncategorized

 

David Chariandy : Il est temps que je te dise. Lettre à ma fille sur le racisme

Il suffit d’une remarque anodine qui dissimule dans son apparente insignifiance une forme de racisme. Grosso modo, vous n’êtes pas des nôtres. D’origine afro-asiatique David Chariandy prévient sa fille qu’il est temps de se ressaisir au cas où on lui ferait des remarques caustiques. Au cas où elle se sentirait humiliée, au cas où on la renverrait systématiquement à son passé. Il lui faudra devenir une vraie canadienne. En dépit de cette envie d’obtenir la paix, un dérapage est toujours possible, des tensions peuvent survenir en la renvoyant à son passé, sa véritable origine, sa signification la plus juste. Il faut sans cesse se protéger, ne pas montrer qu’on peut être blessé. Dans sa lettre, Chariandy insiste à prendre plus que jamais en compte les bons moments de paix et de joie, à être en éveil permanent dans les relations quotidiennes avec les autres, à pas mesurés, et peut-être aussi être toujours sur ses gardes ; une vie de funambule en quelque sorte sachant qu’on appartient à un double univers naturel. Sur un ton d’une grande franchise, sans acrimonie, comme chuchotée à l’oreille de sa fille, cette lettre possède cet avantage. Sans doute serait-il utile de compléter cette lecture par les livres de Langston Hugues et de Derek Walcott.

 

Alfred Eibel

Éditions Zoé, 110 p., 15 €.

 
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Publié par le février 26, 2020 dans Uncategorized