À situer entre Valery Larbaud et L’orient Express d’Agatha Christie avec arrêt prolongé sur la tombe de Thomas Bernhard. Mauvaise pioche, paroles de réprobation contre l’Autriche avec des dispositions naturelles à la mauvaise humeur. Un génie en quelque sorte. Mais ce n’est pas la seule tombe qui secoue Gemma Salem au cours de sa tournée des célébrités disparues. La question qui est en suspens : où se poser, s’intégrer, s’assimiler ? Paris, Vienne ? Mais la mobilité de son esprit fait qu’il est difficile de trancher car ce monde si vivace qu’elle a connu est maintenant dans les tombes. Un monde ophulsien, étourdissant, musical et littéraire. De plus, il est difficile pour Gemma Salem de résumer ce qui est multiple : c’est la simplicité des événements qui fait que l’on bifurque. La nostalgie est tout ce qui a été un jour ou l’autre d’un commerce familier. Ce petit livre pose la question de l’Europe qui fut et que Gemma Salem ne fait que visiter avec quelques battements de cœur devant ce qu’elle n’entend plus, ce qu’elle appelle « une vie comme dans les livres ».
Alfred Eibel
Éditions Arléa, 88 p., 16 €.