Il y a des îles qu’on envie. Tant que ça que ce fut le cas de la Sardaigne dominée d’abord par les Phéniciens, puis par les Romains, les Byzantins, puis durant quatre siècles sous la domination aragonaise, ensuite la domination espagnole, piémontaise. L’écrivain sarde Francesco Masala (1916-2007) s’intéresse à l’histoire hydrologique de la Sardaigne. Une histoire surprenante. Les raisons en sont à la fois socio-économiques et sacrées ; économiques, cela semble l’évidence même ; objet de culte c’est moins évident. Pourtant l’importance que la Sardaigne a attachée à ce phénomène traverse toute son histoire. Objet de culte, l’eau s’est révélée un problème primordial, une véritable religion. On s’adressait à des sorciers de villages pour faire pleuvoir. Il fallait étancher la soif des hommes et des champs. Plus tard, on a construit des lacs artificiels, des ponts, des aqueducs. Au XXe siècle, non sans de multiples tergiversations, nombreuses furent les mesures prises non sans retard. Si bien que Francesco Masala écrit : « capitalisme fasciste et capitalisme démocratique. Trouver la différence ». Lambiner fut presque un mot d’ordre pour trouver des solutions. D’abord les promesses, puis celles qui ont vu le jour tardivement ou n’ont pas été tenues sans penser que le temps n’attend personne. À ce propos, Francisco Masala se réfère au roman de Hermann Hesse Le jeu des perles de verre où la maîtrise d’éléments divers pour atteindre la durée des choses semble sans fin et donc illusoire. Le livre dépasse largement le problème de la Sardaigne. Francesco Masala pose les bonnes questions. C’est pourquoi son travail se présente comme une déclaration publique par laquelle il explique les raisons de conduite à tenir à l’égard d’un pouvoir.
Alfred Eibel.
Traduit de l’italien (Sardaigne) par Claude Schmitt.
Éditions de L’Harmattan, 76 p, 11,50 €.