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Archives Mensuelles: août 2012

La gardienne du château de sable, de Christian Estèbe

Oui, c’était ça ma famille nous dit Christian Estèbe. Une fois sa mère morte, il tente page après page de reconstituer son visage, de se la représenter à nouveau, un portrait peu flatteur. La mère de sa mère l’appelait la bâtarde qui ne cessait de tempêter, la voilà muette comme une carpe, plus besoin de lui faire risette, une fois clamsé l’heure de vérité a sonné. Elle n’emmerdera plus personne quoique vont commencer les emmerdements avec la paperasse à propos de cette mère qui n’a cessé de prêter son corps aux amants de passage et qui pour finir fait don de son corps à la médecine. Pas une once d’acrimonie dans ce récit. Un doute : qui était-elle réellement et que dire du père ? Que reste-t-il de nos amours ? Pas des masses, des conjonctures, des dénouements, des désastres, des frivolités, des futilités, du ressentiment, des rancunes. Au surplus, des déplaisirs, pas d’appui, réconfort zéro. Nul doute, nous avons affaire à un écrivain confirmé par ce huitième livre, soutenu par une nostalgie qui se traîne ponctuée de soupirs. L’essentiel, le ton imagé du livre, ses imprévus, sa gaîté, sa fraîcheur, qualités que l’on prête habituellement aux Essais. Disons avec plus de modestie qu’une vie entière est ici rassemblée, inspirée, observée, respectée, y compris les tuiles à des moment inopportuns. Aucun plan de carrière pour Christian Estèbe qui a exercé moult métiers et qui surtout, ainsi qu’on vient de l’exprimer, a l’écriture dans la peau.

LIVRE DE LA RENTREE LITTERAIRE

Alfred Eibel

Editions Finitude, 208 p., 16,50 €.

 
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Publié par le août 28, 2012 dans Uncategorized

 

Ça va trop vite, d’Anne Lenner

La banlieue décrite estampillée Le Bocal est le manège d’une faune singulière. Primo : un garçon pétri de défi, de bravade, tout en bras de fer, un gars transportant des substances psychoactives, se la joue fort en gueule. Il pose en échassier, dépend d’un mec à bedaine style Sydney Greenstreet qu’on dirait échappé d’un roman de Donald Goines. Seule la flouzaille motive le distingué dealer, prêt à aller au feu dès lors qu’il y a de l’avoine à prendre. Défilent des images contrastées dans ce territoire où il n’y a guère de place pour le remords. Sur les dents matin et soir on finit par faire son beurre. L’oseille, c’est pour épater les gonzesses. Une journée, un chapelet de minutes mémorables. La vie, c’est l’immédiat ; des discussions poisseuses finissant en maximes qu’aurait réprouvé La Rochefoucauld dans cette banlieue aliénée. La désespérance remplace les grandes espérances. On croise, on rencontre la belle Nadia ; son avenir en travaille plus d’un. Les traîne-lattes s’émancipent, l’angoisse, par contre, ne tord l’estomac de personne. Le fléau, c’est de passer pour un tordu, perfide concurrent de Lacrymo. Le marlou du coin fait ce qu’il peut pour passer du virtuel au réel, grimper au sommet. Gare à la culbute ! Un pas en avant est une liberté acquise. Anne Lenner nous propose un rendu exaltant, une ironie qui ne baisse pas la garde, une topographie du tonnerre dans ce livre bien emballé qui emballe comme une immense farce au sens où l’entendaient les auteurs du Moyen-Âge avec Maître Patelin.

 

LIVRE DE LA RENTREE 2012

Alfred Eibel

Le Dilettante, 284 p., 17,50 €.

 
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Publié par le août 28, 2012 dans Uncategorized