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Archives Mensuelles: novembre 2020

Christian Estèbe : La vie fugitive mais réelle de Pierre Lombard, VRP.

Pierre Lombard vient de quitter un éditeur spécialisé dans le sandwich littéraire à la portée d’un lectorat qui ne lit pas d’habitude. Pour Pierre Lombard, il faut qu’un livre soit un aliment ou un fortifiant de l’esprit comme le suggérait Albert t’Serstevens. Œuvres fortes qui font partie de ces libraires anticonformistes qui se font rares mais qui existent toujours, avec lesquels Pierre Lombard approfondit sa propre existence. Il se demande au bout du compte si la vraie vie ne gît pas au fond de ces œuvres et que la vie courante, banale, grise n’est qu’une illusion de plus sur ce que nous sommes. Et voici que Pierre Lombard sans travail traîne ses guêtres, rencontre quelques amis, revoit son ex-femme Muriel. Il apparait alors comme un de ces personnages angoissés dignes de Georges Simenon. Une vie faite de déceptions, de dérapages mais également de rencontres imprévisibles. Voici soudain que Pierre Lombard reprend du service en représentant de petites maisons d’édition auprès d’un certain type de libraires derniers défenseurs d’écrivains oubliés. Un tournant dans la vie de Pierre Lombard. De nouveaux horizons, de nouvelles perspectives, un ciel plus clair. Roman écrit dans une prose juste de ton. (Christian Estèbe a été représentant en librairie pendant trente ans).

Alfred Eibel.

Éditions Finitude, 220 p. 17,50 €.

 
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Publié par le novembre 3, 2020 dans Uncategorized

 

Pierre Lemaitre : Dictionnaire amoureux du polar

Bien entendu, Pierre Lemaitre ne sélectionne que les auteurs qui l’ont passionné, si bien qu’on pourrait être surpris de ne pas trouver d’éloges pour des écrivains connus vis-à-vis desquels il exprime un dissentiment. Par exemple, Agatha Christie trop schématique ; ou tout simplement l’absence d’écrivains qui n’ont pas retenu son attention. On ne peut pas aimer tout le monde. Mais quand il s’attache à un écrivain, il avance les bonnes raisons de son attachement. Ne pas oublier que dans l’œuvre d’un écrivain il y a des réussites, parfois des égarements ou des faiblesses. Pierre Lemaitre met aussi en avant des auteurs oubliés comme Francis Ryck ou les romans d’Horace MacCoy qu’il trouve formidables. Il vous dit tout ce qu’il faut savoir sur James Ellroy, sur l’homme et ses livres. Il n’est pas question de faire l’impasse sur Raymond Chandler, ni sur Dashiell Hammett, encore moins sur Jim Thompson ni d’ailleurs sur Tonino Benacquista, Maurice G. Le Dantec, Colin Dexter, Jean-Claude Izzo, Dominique Manotti, Fred Vargas. J’en passe et des meilleurs. Et l’on découvre dans ce dictionnaire une ribambelle d’écrivains moins célèbres ou qui nous ont échappé. Mais la grande question ici abordée est celle des traductions. Des collections réputées aux traductions contestables ou fautives ; pire, des passages entiers écartés, ce qui fait que le roman devient un autre livre. En résumé, ce dictionnaire indispensable nous révèle toutes les nuances possibles sur des auteurs que Pierre Lemaitre a si bien su explorer.

Alfred Eibel.

Éditions Plon, 816 p. 27 €.

 
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Publié par le novembre 3, 2020 dans Uncategorized

 

Gottfried Keller : Les gens de Seldwyla

Gottfried Keller (1819 – 1890) écrivain suisse de langue allemande, l’un des meilleurs de son temps. Ses contes, ses nouvelles ou petits romans rassemblés ici le démontrent avec évidence. Certains titres paraissent mystérieux : Le petit chat miroir. De plus, la ville de Seldwyla n’existe que dans l’imagination de Keller. Henri le vert signifie simplement qu’Henri a revêtu l’habit vert de son père. Texte autobiographique qui raconte les difficultés, sinon les défauts, de sa sensibilité pour accéder à un équilibre à cause de son manque de volonté. Si l’on peut considérer ce texte comme un roman de formation, Keller, devant le sérieux de cette situation, instille une dose d’humour pouvant aller jusqu’à la satire, jusqu’à la caricature même. Car au fond Keller est un solitaire qui a une vision tragique de l’existence. Même ses histoires gaies véhiculent un fond de tristesse. Ce qui intéresse Keller, ce sont les gens ordinaires situés dans leur paysage. Son œuvre se situe entre romantisme et réalisme. Certains textes passent brusquement de la poésie à des pensées chimériques. Pour la première fois ce classique de la littérature allemande est disponible en français.

Alfred Eibel.

Éditions Zoé, 656 p. 26 €.

 
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Publié par le novembre 3, 2020 dans Uncategorized

 

Liouba Bischoff : Nicolas Bouvier ou l’usage du savoir

Nicolas Bouvier (1929 – 1998), écrivain voyageur, iconographe et photographe. Apprécie ce que chaque pays offre de plus rare et de plus immédiat. Favorable à la culture savante, Bouvier l’est également à la culture populaire. Il raconte sans préjugés ceux qui savent encore vivre en paix. Pour être un voyageur digne de ce nom, il faut être doué d’une œil perspicace, capable de voir les choses de tous les jours, les plus infimes. Autrement dit l’usage du monde, titre d’un des livres de Nicolas Bouvier. Ce que Liouba Bischoff appelle dans son remarquable essai « les écritures de l’espace ». Ce que l’écrivain Kenneth White, lui aussi voyageur, soulignait : avoir mille livres et parcourir mille kilomètres. Voir et tout savoir à travers les montagnes, les déserts, les hivers et les étés. Ne pas lire avant le voyage, avoir une vision la plus globale possible, grappiller un peu partout sur la planète. Remonter aux sources de la culture. À la fin, c’est bien le voyage qui donne envie d’écrire entre Orient et Occident. Un voyage en appelle inévitablement un autre. Bouvier se méfie des spécialistes, dénonce un savoir non seulement ornemental qu’il appelle « vanité d’un savoir scolaire accumulatif ». En fait, il faut être nomade comme Maurice Chappaz ou Jean-Marc Lovay. Le voyage est aussi une question de godasses.

Alfred Eibel.

Éditions Zoé, 272 p. 21 €.

 
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Publié par le novembre 3, 2020 dans Uncategorized