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Archives Mensuelles: novembre 2016

Brigitte Bardot, l’art de déplaire de Marie Céhère

Où situer Brigitte Bardot pas emballée par le cinoche, sex-symbol des trente glorieuses, à la notoriété débordante, délit du corps, sans affectation, victime de sa splendeur, de son style de beauté, de sa démarche sans parler de son indéfectible franchise, sa spontanéité hors norme. Occupant longtemps l’actualité, le public observe BB, l’inspecte, l a scrute. Les remarques vont bon train et BB les commente. Marie Céhère approfondit le phénomène avec minutie, abondance de références, de justesse, alors que son héroïne semble se dérober. Elle plait aux Français ; elle finit par plaire à la terre entière. Le monde s’incline, s’interroge : qu’est-ce qu’une femme ? Est-ce une créature primitive, une garce, un animal indomptable, un cauchemar, une sirène ? Au-delà de ses films qui, le plus souvent, ne sont pas toujours d’un grand intérêt, sa présence leur confère quelque chose de radieux sorti de son contexte. BB est le talisman des trente glorieuses et cela suffit au film pas génial pour aller le voir quand même. Son rayonnement, Marie Céhère le décrit en s’appuyant sur de nombreux témoignages qui constituent la richesse de ce petit livre. BB est une étoile filante qui a décidé de se fixer sur la voûte céleste.

Pour l’avoir vue assez longuement lors d’un déjeuner durant le tournage de Vie privée de Louis Malle, je confirme que la caméra si propice à embellir les actrices, dans le cas de Brigitte Bardot n’en avait pas besoin. BB est aussi belle hors champ que dans le champ et d’une bienveillance ouverte. Constatons que durant l’époque de la grande cinéphilie, le cinéphile professionnel était plutôt branché sur le cinéma américain, Ava, Liz, Marylin, Rita et les autres, davantage troublé que par BB, à quoi s’ajoutent quelques cinéphiles hantés la nuit par Isabelle Corey dans Bob le flambeur de Jean-Pierre Melville.

Lisons ce livre qui rend hommage à la figure de proue d’une époque insouciante. Brigitte avait conquis les cœurs ; elle fut la victime du désir des hommes, Marie Céhère l’a suivie avec bonheur, étape par étape, jusqu’à son grand retirement.

 

Alfred Eibel

Pierre-Guillaume de Roux éditeur, 164 p. 18 €.

 

 
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Publié par le novembre 7, 2016 dans Uncategorized