Ce journal frappe d’abord par sa simplicité, sa spontanéité, son absence d’effets, de malignité, de paroles pompeuses, de mépris. Olivier Maulin a relu attentivement ces pages pour en retrancher les redites. Il est à la recherche d’une activité lui permettant de gagner sa vie. En 1999, il finit par obtenir une bourse pour six mois au Brésil. En fait, il fourbit ses armes pour devenir écrivain. Conforme à l’honneur et à la probité, il raconte sa vie. Au cours du temps qui passe, il se garde bien de mimer un rôle. Il se contente d’être un intervenant dans sa vie de tous les jours ce qui lui permet de mieux se connaître lui et les autres en racontant les petites choses de la vie. Il ne supporte pas le sectarisme, les grandes orgues des affirmations péremptoires. Que de rencontres, d’instants de grâce, d’illusions perdues, d’allers et venues, notant une évolution ou marquant une résignation. Il s’efforce de trouver aux événements une richesse poétique qu’il rapporte le plus simplement du monde. Sa curiosité s’appuie sur la pointe des pieds. Les heures s’empilent, les portraits qu’il trace ne sont pas piqués des hannetons. Son journal, une tentative d’approfondissement, de réconciliation, de franchise sans fioritures ; parfois est-il amené à des répliques qui guillotinent l’adversaire. Toujours du côté de la guerre du courage, il part en guerre contre la lâcheté. L’amour s’insère dans sa vie sans qu’on l’ait sonné si l’on ose dire. Rencontres avec des grandes excitées, filles incertaines quant à leur ligne de vie, filles troubles, troublantes ; l’amour mirage et comment distinguer du premier coup d’œil les vraies putes des demi-putes. Une mise à plat de sa vie : « Être artiste par temps démocratique, c’est malheureusement le plus souvent n’avoir pas su trouver une autre place dans la société ».
Alfred Eibel.
Éditions rue Fromentin, 191 p., 20 €.