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Archives Mensuelles: août 2013

UN ÉTÉ AVEC LOUISE, roman de Laura Moriarty

LULU30 - copie

 

 

La vie de Louise Brooks, avec ses coups d’éclat, ses triomphes, ses drames, ses zones d’ombre, est un matériau éminemment romanesque. La star à l’ascension météorique a laissé des traces durables, y compris chez ceux qui ne connaissent que ses magnifiques portraits. Son élégance aristocratique, sa frange cent fois imitée, son demi-sourire énigmatique furent « culte » bien avant que le mot ne se galvaude.

Mais c’est une autre femme que Laura Moriarty nous invite à découvrir et à imaginer : une Louise adolescente, une Louise avant Brooks, avant la naissance de son propre mythe qu’elle eut tant de mal à assumer.

Nous sommes en août 1922, dans la petite ville de Wichita (Kansas). Louise, à quinze ans, semble promise à une jolie carrière de danseuse. Sa mère l’y pousse, moins par amour que par ambition personnelle. Mais pas question de laisser la « petite » se former seule à New York. Son impétuosité, sa feinte candeur en font une redoutable allumeuse ; peu d’hommes résistent à cette gamine. Il lui faut un chaperon : ce sera Cora, bourgeoise féministe au passé nimbé de mystère, connue localement pour ses engagements bon chic bon genre. Commence alors un périple agité, entremêlant deux destinées en un subtil contrepoint.

Le dialogue entre l’accompagnatrice et sa protégée tourne vite à l’affrontement. L’adolescente rebelle ne tolère aucune entrave, multiplie les provocations, se précipite au devant de tous les dangers, se plaît à semer une Cora impuissante à contrôler ses impulsions. Le lecteur se régale de ces escarmouches, et plus encore, d’y voir affleurer la personnalité naissante de l’actrice, ses traits, ses mimiques, sa gestuelle.  L’histoire nous apprendra aussi que Louise n’a plus rien à perdre, nulle virginité à défendre, nulle réputation à sauvegarder. Itinéraire d’une (future) « fille perdue »…

Le dialogue espéré n’aura jamais lieu, mais le voyage profitera à chacune des protagonistes. Louise est engagée dans une troupe prestigieuse, et Cora opère un long retour vers un passé tourmenté dont l’accès lui était jusqu’alors interdit. Ses brèves retrouvailles avec la mère inconnue qui l’avait abandonnée en bas âge constitue l’un des épisodes les plus émouvants du livre, qui recentre d’un coup l’intérêt du lecteur vers elle. Cessant d’être un faire-valoir, le personnage s’étoffe, mûrit, prenant à contre-pied son milieu d’adoption en développant une compassion agissante pour les exclus. Louise, à l’inverse, se consumera en quelques années. Chue dans la misère, contrainte de regagner la maison familiale, sa dernière apparition dans la vie de Cora sera un poignant et amer face-à-face dont rien ne ressortira.

Bien plus tard, le public découvrira en Louise Brooks une « plume » acérée, perspicace et informée, jetant sur Hollywood et sa brève carrière un  regard dénué de complaisance. La féroce lucidité de l’adolescente n’était décidément pas un leurre, mais un talent chevillé au corps, que l’abus d’alcool n’émoussera point. Les stars se flétrissent, comme chacun, mais celles qui retournent vers nous le miroir échappent au destin tragique d’une Norma Desmond, et s’assurent l’éternité…

Olivier Eyquem

Laura Moriarty : « Un été avec Louise », Fleuve Noir 2013. 19, 90 €

 
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Publié par le août 24, 2013 dans Uncategorized

 

En feuilletant, en survolant, 16

À propos du roman de Jacques Sommer, Le crime, à paraître en septembre chez Pierre-Guillaume de Roux éditeur, roman se prêtant à diverses interprétations, les lignes qui suivent pourraient converger vers l’unique de ce livre, au-delà des crimes commis par le héros, et du coup, peuvent faire débat tant il est vrai que la question posée est celle de la justice. Dès lors qu’il n’y a plus de morale dans ce monde, ce qui relève pourtant de la morale, fait agir le héros considéré pourtant comme un criminel. « Les héros, pour moi, ce ne sont pas les imbéciles qui se jettent sur les grenades à plasma, me dit-il en léchant les lèvres fines d’un coup rapide de sa langue de lézard. Ce sont les gens dont les prouesses et les accomplissements sont si légendaires qu’ils sont honorés comme des divinités. Le héros, au sens littéraire, est le protagoniste qui accomplit une action d’éclat, celui dont le tragique point faible consumera sa perte ».

Dan Simmons : Les voyages d’Endymion. Endymion I.

 

Relevé dans Libération du 7 août 2013 :

« À quoi bon être un merveilleux compositeur de polka si plus personne désormais ne danse cette musique ? ».

Billy Wilder.

 

Relevé dans Libération du 25 juillet 2013 :

« Que l’esprit vive, que la connerie meure ».

Arletty.

« La liberté de s’exprimer a libéré la liberté de haïr ».

David Camroux, professeur.

 

À lire :

 

Piaf-Trenet. Le dîner extraordinaire, de Jacques Pessis, Éditions Don Quichotte,

276 p. 18,90 €.

Avant de revenir sur ce livre qui tranche sur la production habituelle, dans une autre chronique, disons qu’il nous fait oublier la déferlante romanesque.

 

LSD 67, d’Alexandre Mathis, Serge Safran éditeur, 505 p. 23,50 €.

Extrait de la quatrième de couverture : « Le Quartier Latin est la scène des beatniks débarquant place Saint-Michel (…) Le quartier est envahi par toute la jeunesse livrée à la défonce ».

 

 

 

 

 
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Publié par le août 18, 2013 dans Uncategorized