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Archives Mensuelles: avril 2019

Patrice Delbourg, Les désemparés

53 portraits d’écrivains français qui ne savent plus que dire ni que faire, décontenancés, déconcertés. Tous à la recherche d’un auvent pour se protéger. Ils ont vécu tant qu’ils pouvaient mais pas forcément longtemps. Des réprouvés, des vies fichues à une époque bénie où l’on pouvait encore gueuler sans se faire engueuler. Sûr, des têtes de cochon mais témoins hors pair. Ne sont-ils pas tous au bout du rouleau ? Au hasard Félix Fénéon qui pousse le lecteur à mettre le nez dans la crotte. Pierre Reverdy soudain avec son Livre de mon bord. Un autre proclame : Qui n’est insolent n’est pas solvable. Charles-Albert Cingria chipant une pomme dans un jardin tout en réfléchissant aux enluminures d’un vieux manuscrit. On tourne la dernière page d’un livre et l’on s’aperçoit qu’il est mort trop jeune. Georges Fourest : « La moustache était fine et son âme loyale ». Rapprochez-vous du canal Saint Martin pour lire Eugène Dabit. La raison, dit Benjamin Fondane, une prétention sans borne. Prenez le cas de Jacques Rigaut : rigoureusement hostile. Benjamin Péret écrit : Je sublime. Louis Brauquier est agent des Messageries maritimes. Jacques Perret, « un aventurier en bretelles » nous affirme Patrice Delbourg. Tenez, Malcolm de Chazal : « La pierre n’entend battre son cœur que dans la pluie ». Henri Calet qui nous fit tant pleurer. Raymond Guérin apprécié de Jacques Laurent. N’omettons pas les chiquenaudes de Louis Scutenaire. André de Richaud : « La solitude me mordait jusqu’au sang ». Ne manquez pas André Hardellet, me répétait sans cesse Pierre Drachline. Paul Chaulot : « Je dois répondre / D’un poème / Comme un verre / De sa transparence ». Et voici Jacques Prével : « Enfant je me suis étonné / De me retrouver en moi-même ». Je n’ai pas fini. Que de poètes réunis autour d’un brasero. André Maude silencieux assis sur une chaise à l’entrée d’un immeuble. Tant d’écrivains à corps perdu perdant leur corps ! Par exemple, André Frédérique, lucide jusqu’au suicide. Des rebelles sans cause sauf l’écriture. Et puis il y a le dur désir de durer qui dérobe à la foule ce qu’elle ne voit pas. Il faut s’appliquer à voir, en compagnie de ces écrivains aux itinéraires compliqués. C’est à vous !

Alfred Eibel.

Le Castor Astral, 306 p. 11,90 €.

 
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Publié par le avril 25, 2019 dans Uncategorized