RSS

Archives Mensuelles: janvier 2012

Le nouveau dictionnaire du jazz, par Philippe Carles, André Clergeat, Jean-Louis Comolli

Du légendaire Buddy Bolden aux « nappes de sons » de Coltrane, voici une nouvelle édition considérablement augmentée et mise à jour de ce dictionnaire. Un régal, des commentaires intelligents ; où l’on découvre les attaches que cette musique entretient avec Schönberg, Stravinsky, Webern. De plus, le jazz possède sa propre littérature. Souvenirs de la vie tragique d’Art Pepper, La rage de vivre, réminiscences de Dizzy Gillespie, l’écume de rage de Charlie Mingus, et pourquoi pas High times, Hard times d’Anita O’Day. Il est recommandé de suivre l’évolution du jazz depuis sa naissance si l’on ne veut pas  se laisser piéger par des musiciens sincères sachant que « la sincérité n’est jamais une fin esthétique ». Musique d’improvisation, le jazz explose « comme on fait parler la poudre » écrivait Francis Marmande. Il oppose, par exemple, partisans d’Art Blakey aux partisans de Max Roach. Quant à Coltrane, n’avait-il pas l’ambition de résumer « toutes les musiques en un seul cri qui soit un message d’amour ». Ce dictionnaire n’oublie pas Stan Kenton et ses masques ou l’inestimable Woody Herman. On découvre aussi l’importance de Günter Schüller, les mérites de Leonard Feathern, le génie de Norman Granz. On suit Eric Dolphy le combattant, Tristano le professeur, Mal Waldron faisant bouger les lignes des partitions traditionnelles. On apprend que le grand interprète de Mozart et Beethoven, Friedrich Gulda, a travaillé avec Cecil Taylor. Que Willem Breuker, Joachim Kühn et Martial Solal méritent toute notre attention ; que le batteur suisse Daniel Humair est également un peintre coté. Bref, ce dictionnaires est une somme considérable.

Alfred Eibel

Laffont/Bouquins, 1472 p., 32 €.

 
Poster un commentaire

Publié par le janvier 30, 2012 dans Uncategorized

 

La séquence de l’énergumène, de Gabriel Matzneff

De 1963 à 1965, Gabriel Matzneff donne au quotidien Combat des chroniques de télévision. La bêtise prolifère, se loge dans l’unique chaîne de l’époque qui inaugure ce qu’on appelle le divertissement, cette façon non autoritaire mais néanmoins impérieuse d’anesthésier le public. Matzneff défend les causes qui lui sont chères, s’enthousiasme, blâme ou s’indigne. Qu’il évoque un livre, un film, une pièce de théâtre, un écrivain, une chanson ou Brigitte Bardot, il bat ce grand ensemble comme on bat œufs en neige. Bien des événements de ce temps paraissent aujourd’hui négligeables. Malgré cela, la contestation avait de l’allure. On découvrait avec bonheur les événements les plus imprévisibles parce que ces trente glorieuses décontractées autorisaient encore des pamphlets fort de café, des engueulades entre factions cinéphiliques, des rires épiques, des charriages qu’on a du mal à imaginer, un sérieux pesant nous collant à la peau. Joies et liberté sont les maîtres mots de Matzneff qui prenait son pied à pointer du doigt les imbéciles à la mine de patenôtre, les déclarations creuses, les bourgeois engoncés dans leurs certitudes. Maintenant ce qui nous retient avant tout c’est le style vibrant de ces pages. Ceux qui ont vécu ces moments ne peuvent se défaire d’une impression, celle d’une banquise diluée dans un océan d’oubli.

Alfred Eibel

Editions Leo Scheer, 339 p., 21 €.

 
Poster un commentaire

Publié par le janvier 22, 2012 dans Uncategorized

 

Les voleurs de Manhattan, d’Adam Langer

Qu’est-ce que la littérature ? A Manhattan on parle de stratégie dans les bars à la mode. On se focalise sur la rentrée littéraire qui mobilise les esprits. On y croise des agents littéraires qui ont la science infuse, des éditeurs obséquieux, à moins de tomber sur un sinistre connard. Chacun est porteur d’un manuscrit à la manière de ceux qui portent une pochette dans la poche de poitrine. Les rencontres attisent les bons mots, l’espoir fait vivre ou se noie dans l’alcool. Tout est marketing et communication. Ian n’a pas de boulot, pas d’argent, pas de petite amie. Roth est un petit malin pour qui le dernier carré des lecteurs reste intéressé par le livre, cet objet insolite et obsolète. Ces déchiffreurs méritent d’être niqué de la belle manière en confectionnant pour eux, en partenariat avec Ian, un de ces bouquins de type autobiographique, authentique, sincère, vrai, en vérité bidon, intitulé Les voleurs de Manhattan. Avec un talent fou, une aisance époustouflante, des références littéraires à donner le tournis à un derviche tourneur, Adam Langer fait le tour de ces conspirateurs associés brandissant comme les valeurs en bourse des manuscrits géniaux, à n’en pas douter, un chapelet d’inepties à se taper le cul par terre, éblouis par le pognon qui en découlera. Ce qui ne résout pas la question posée en faisant défiler tant d’aventuriers du papier : Qu’est-ce qu’un bon livre qui soit autre chose que ces livres honnêtes à propos desquels on s’interroge sur leur nécessité, où l’intelligence de l’auteur fait la courte échelle à l’ennui ?

Alfred Eibel

Gallmeister, 253 p., 22,90 €.

 
Poster un commentaire

Publié par le janvier 22, 2012 dans Uncategorized

 

Le dernier contrat, d’Olivier Maulin

Grand soulèvement populaire. Contre ceux qui ont mené le pays à la faillite. Le ministre de l’intérieur est assassiné. La France se hérisse de barricades. Un tueur à gages professionnel, reconnu et respecté, arrive la nuit sous la pluie dans un bled, prend ses quartiers dans un hôtel minable, lui le solitaire par excellence prêt à agir. C’est en énumérant les actes, les accumulant, en les détaillant par le menu, qu’un climat s’installe, une atmosphère contrastée digne d’un film en noir et blanc de la grande époque. Le tueur butte sur des cadavres, fait des rencontres insolites. Dans ce désordre et la nuit il fait la connaissance d’un prêtre  défroqué appelé Frère-la-Colère expliquant que la révolution ça se mijote. Il veut gagner le tueur à gages à sa cause, multiplie les arguments, parle de bombes, de chars d’assaut. Fanatisé à l’extrême, despote obscurantiste, Frère-la-Colère est un prophète dirait-on inspiré par le nihilisme d’un Bakounine, ressasse ses arguments jusqu’à l’insupportable, affirme qu’il est requis de dérégler les rouages d’un Etat qui s’est trop bien servi sans penser à ceux qui rament. Pour le tueur à gages l’occasion inespérée se présente de remplir son dernier contrat, le couronnement de sa carrière qui lui permettrait de rejoindre ces héros qui ont contribué à faire l’Histoire. Comme l’exprimait un humoriste, les coups les plus élaborés se mettent en place, la plupart du temps bien ; mais autrement que prévu. En stratège, Olivier Maulin tire parti des tours et détours de son roman, ses virages, en nous mettant brusquement devant le fait accompli, qui n’est autre que la vérité nue.

Alfred Eibel

Editions La Branche – Collection Vendredi 13, 192 p., 15 €.

Ouvrage à paraître le 9 février 2012.

 
Poster un commentaire

Publié par le janvier 17, 2012 dans Uncategorized

 

Fénelon : Lettre à Louis XIV et autres écrits politique

L’hiver 1693-1694 fut le plus rude que la France ait connu. Règnent maladie, famine, mortalité. Fénelon (1651-1715) précepteur du duc de Bourgogne s’en alarme ; décide d’envoyer une lettre anonyme à Louis XIV pour lui faire part de ses craintes, lui reprochant d’agir selon son bon plaisir ; de faire passer au second plan, les règles de l’Etat. Fénelon accuse le Roi Soleil de ne tolérer que des « hommes souples et rampants ». Il parle d’une dérive du pouvoir royal, outré qu’il est par le luxe ostentatoire de Versailles. Pendant ce temps, écrit-il, « la France entière n’est plus qu’un grand hôpital désolé et sans provision ». Allons plus loin : « Vous avez détruit, dit-il, la moitié des forces réelles de dedans de votre Etat ». Qu’ajoute Fénelon ? Que le prestige du Roi se dissipe au long cours de son règne. Il lui fait remarquer que le peuple ne le croit plus ; que l’image qu’il tient à projeter de lui-même s’est ternie. Il lui recommande non sans sarcasme de « rabattre quelque chose de sa gloire », ce terme de gloire que Montherlant persiflait en l’appelant « gloigloire ». Cependant, Fénelon prie aussi beaucoup pour le Roi. Disons-le, entre le Roi et lui il y avait « incompatibilité » comme le relève Pierre-Eugène Leroy dans sa préface. Il ne faisait pas bon à l’époque d’être intelligent, tendre, sensible, libéral et de craindre Dieu avant de craindre le Roi.

Alfred Eibel

Editions Bartillat, 146 p., 9 €.

 
Poster un commentaire

Publié par le janvier 17, 2012 dans Uncategorized

 

Les impurs, de Caroline Boidé

Dans les années 50 juifs et arabes se fréquentaient beaucoup. Leurs épouses également. C’est dans ce contexte que David quitte Batna pour exercer son métier d’ébéniste à Alger. Bien lui a pris, il rencontre Malek, une jeune musulmane qui travaille à la bibliothèque de la ville. Rencontre entre deux amoureux à l’intensité égale à une époque pour le moins troublée. Caroline Boidé égrène les minutes qui s’écoulent entre eux dans un climat d’affection et de félicité. On assiste à une transmutation. Elle, affranchie des servitudes sociales et décidée à vivre sa passion jusqu’au bout ; lui, désirant aller au-delà d’une fusion des corps, déterminé qu’il est à harmoniser les esprits, à lire dans les recoins les plus secrets de l’âme prêt à faire naître l’union sacrée. Seuls elle et lui dans le silence de la nuit participent au flux et reflux de leurs amours, inscrivant leur passion bouillonnante dans l’éternité. « Devenir une seule chair ». Leurs parents juifs ou musulmans ne pressentent pas l’authenticité de leurs amours, pétrifiés qu’ils sont dans leurs traditions, ce qui signifie que la religion domine, manipule leurs esprits. Chaque parent a sa conception du bonheur ; chaque parent de ce fait précipite son enfant dans une tragédie aux conséquences funestes. Ecrit à la première personne cette histoire entrelace avec attention les traits parfois contradictoires, néanmoins complémentaires d’un peuple. Le roman de Caroline Boidé est d’une grande qualité littéraire. On en voit peu qui sondent avec bonheur la part la plus furtive d’un amour éperdu.

Serge Safran éditeur, 158 p., 15 €.

 
Poster un commentaire

Publié par le janvier 17, 2012 dans Uncategorized

 

Portrait d’un jeune homme en chien de fusil, de Sylvie Sarhami

Rentré littéraire. Premier roman

Résumer ce premier roman sur ce qui fait l’essentiel de son charme si abstraitement sensuel, exige une attention de tous les instants. Un garçon de dix-sept ans part à la conquête de sa plénitude d’homme au cœur d’un Paris baigné dans un demi-jour continu. Il marche sans but précis espérant se heurter à des éléments imprévisibles en mesure de modifier le cours de sa jeune existence. Semblablement à André Pieyre de Mandiargues il est en quête du plaisir, à son dérèglement, engagé dans un combat en vue de son épanouissement, en désaccord avec une société en perpétuelle accélération. L’amoureux qu’il est voudrait dilater le temps pour jouir au maximum d’une femme qui l’exauce et qu’il veut combler à son tour. Comment altérer sa « soif d’aimer, de haïr, de recueillir l’instant » lors de son parcours initiatique fait de langueur, d’inquiétude et de nostalgie. Un je-ne- sais quoi d’une obsolescence antique pèse sur ses sentiments fugaces, dans le désir et dans l’étreinte. Il s’agit ni plus ni moins de la part des amants de posséder une beauté frottée d’immortalité, de celle qu’on imagine dans ses rêves les plus furtifs. Dans ce livre si délicatement maillé d’incertitudes, tandis que s’étiole la mémoire, l’auteur semble dire qu’après le désert de l’amour, l’on découvre nécessairement une oasis libidinale.

Alfred Eibel

Editions Léo Scheer, 93 p., 18 €.

 
Poster un commentaire

Publié par le janvier 8, 2012 dans Uncategorized

 

Le bar des menteurs, d’Indrid Nahour

Dans l’esprit de la narratrice, Paris est un labyrinthe rempli d’inconnus, visages plombés, lèvres étroites, regards qui fusillent, ergotant sous des prétextes futiles. Pour elle, le moment est venu de fuir, de se ressourcer, grâce à Claude, le pérégrin, qui lui recommande Henri, empoté à Noirmoutier, station balnéaire des biberonneurs, dont Le bar des menteurs est l’emblème. Elle y rencontre les naturels habitués à batifoler dans les vignes du seigneur. A coups de phrases cinglantes, la fuyarde haute comme trois pommes s’affirme en rouspétant. Un rien l’enflamme, la porte à sourire, l’étonne, met cette anticonformiste en ébullition. Elle intègre le fait que les piliers de bar se vantent d’avoir la dalle en pente ; qu’ils pourraient adopter comme slogan : choisir ou conduire, il faut boire. Leur cirque à coups de gnôle ils le font bien, déclarent qu’il est vain de chercher le bonheur ailleurs que dans le jus de la treille ; refoulent leur timidité, déversent une cascade de bons mots. Plus il en tombe, plus les verres se remplissent. La narratrice est aux anges. Grâce à cet estaminet en vue, elle retrouve son indépendance. Les paroles n’attendent qu’un collectif de braillards les soutenir en musique, soiffards sympathiques aux surnoms qui leur collent au gosier. Rescapés du travail, ces libertaires s’alcoolisent pour se déprendre d’une société dont ils revendiquent le statut d’évadé. Dans ce livre qui suinte par tous les pores l’autonomie de l’individu, Yves Martin reconnaîtrait les siens, Jean-Pierre Martinet les naufragés du zinc du Café des Glycines, sous le regard bienveillant de Robert Giraud.

Alfred Eibel

Le Cherche-Midi Editeur, 118 p., 13 €.

 
Poster un commentaire

Publié par le janvier 8, 2012 dans Uncategorized

 

La chute d’un bourdon, de Jean-Marc Lovay

Il serait téméraire d’affirmer que Jean-Marc Lovay, écrivain suisse de 51 ans, cherche à raconter une histoire. Dans un monde sollicité par trop d’Histoire et de faits-divers, il souffle le verbe à l’exemple des souffleurs de verre, parle de l’inconfort d’être largué sur terre, d’un malaise mal défini. Il multiplie les adjectifs et adverbes sous l’invocation de Charles-Albert Cingria. Il invente et énonce ce que le commun ne voit pas. Proche des poètes chinois des Tang, il insuffle à sa prose l’idée d’un envol, d’une lévitation, précipitant le lecteur dans un tangage qui l’oblige à quitter son pesant rationalisme. Avons-nous encore la liberté de nous regarder dans la glace ? Ne sommes-nous pas tenus de nous observer dans le miroir qu’on nous tend ? Lovay bâtit un nouveau langage en remplacement du langage convenu, usité par cette majorité qui aime s’exprimer sur les estrades, attendu que ce que nous faisons n’est que parodie. Nous voulons prouver chaque jour que nous sommes convaincants. Lovay parle d’une « fin perpétuellement recommencée dans un perpétuel recommencement » ; écrit, que « l’inventeur est inventé par sa propre invention ». Ses phrases ressemblent à un périphérique sans destination. Ses thèmes secondaires viennent se superposer et s’opposer au thème principal, à la recherche en permanence d’un heureux équilibre des proportions. On peut considérer son livre comme un récitatif, un oratorio, comme une fugue. Lovay nous offre l’opportunité de vivre dans une autre dimension. Nous pénétrons dans sa galaxie et par voie de conséquence abordons un des aspects de la science-fiction de demain.

Alfred Eibel

 

Editions Zoé, 156 p., 16 €.

 

Sortie Janvier 2012

 

 

 
Poster un commentaire

Publié par le janvier 2, 2012 dans Uncategorized

 

Mes plus beaux contes sacrés, de Jean de La Varende

Jean Malland, vicomte de La Varende (1887-1959), était un homme aux nombreuses dissemblances qu’il mariait de la plus heureuse façon. Fidèle aux traditions de la droite monarchiste française, il a refusé sa vie durant d’observer les valeurs de la morale et de la société bourgeoise. Les héros de ses romans, hobereaux normands pour la plupart, sont orgueilleux, sensuels et combatifs, refusant l’argent, la rentabilité immédiate, la médiocrité, vivant dans l’excès et la violence. On découvre chez la plupart, des comportements d’homme de guerre tels qu’on les montre chez Blaise de Monluc (1499-1577). Parallèlement, La Varende attribue à ses héros compréhension et générosité. Ils ne sont pas au service d’une cause ; ils sont au service de Dieu. L’écriture de l’écrivain est à l’image de l’homme, excessive, émaillée d’archaïsmes, multipliant les expressions patoises, déclarant : « j’aime les mots plus que tout, les grands, les gros, les petits ». Il faut lire Pays d’Ouche, Nez de Cuir, Les manants du Roi, Le centaure de Dieu, ses biographies de Surcouf et de Tourville, pour entrer dans le monde mythique qu’il s’est inventé, pour finalement l’accepter. Jamais méprisant, exigeant avec lui-même, rassurant, porté à l’humour, Jean de La Varende en surprend plus d’un, tantôt émouvant, tantôt féerique, passant brusquement à des situations implacables.
Publiés dans des journaux entre 1938- et 1959 ces dix-sept contes sacrés ont tous un point commun. Par quels sentiers l’homme rejoint-il le divin ; par quelle opération du saint-esprit s’opère cette jonction. Qu’est-ce que le sacré ; comment réaliser un rêve. Ses héros croient à la vie, à l’art, au ciel. Il leur faut voir, entendre, palper, sentir, pressentir la présence de Dieu, de ces hommes qui ne sont pas des chrétiens parfaits, qui n’aspirent qu’à se réconcilier avec eux-mêmes ; compatissant selon les saisons, fascinés par les arbres qui changent de tenue, par les demi-teintes des fleurs, éprouver leurs odeurs, leurs parfums, phénomènes naturels qui poussent ses personnages vers Dieu, convaincus qu’ils sont que seul le Très-Haut est en mesure de commander aux éléments. Il est recommandé de s’épanouir par le chant ne cessent de clamer les paladins, chevaliers de Normandie ou membres d’associations pieuses. Qu’on aille pas se former l’idée que ces hommes font partie d’une galerie de bigots, de grenouilles de bénitier, de génuflecteurs, de bondieusards. Ces contes respirent la santé, la joie de vivre. L’enfant roi est tourné vers le beau ; les paysans sont à la fois impatients et nostalgiques ; les prêtres, toujours prêts à voler au secours des malheureux ; le docteur, volontaire, dès lors qu’on lui signale quelqu’un d’indisponible ou pris d’infirmité, ne connaît plus de repos. La Varende est persuadé que c’est un moment où l’on perd pied qu’une présence invisible vole au secours de celui qui souffre. Alors, a lieu le miracle. Il le dit dans un style imagé, comme l’eau-forte, ne s’embarrassant de rien, encore moins de la chatouilleuse susceptibilité des hommes.

Alfred Eibel

Editions Via Roma, 201 p., 15 €.

 
Poster un commentaire

Publié par le janvier 2, 2012 dans Uncategorized