À Paris le pavé, les heures blafardes, la pluie, la pénibilité du voyage, un Paris qui se fissure. Nous sommes en 1958, la guerre d’Algérie fait rage. Nous voilà pris dans une drôle d’atmosphère qui rappelle Ange Bastiani, Georges Bayle, Joseph Bialo, André Héléna. Mais revenons à Patrick Pécherot qui nous présente Gus et André conduisant un bahut chargé de cageots dans la ville lumière à l’éclairage défaillant. Ils discutent, paroles saisies au vol. Le temps passe, le temps efface. Des cadavres dégringolent sur la pierre dure. Un fond de tristesse anime les deux convoyeurs contrôlés qu’ils sont par des flics. Gus et André font la connaissance de Simone, une Française bien de Paris. En 2018, on s’interroge sur un meurtre oublié depuis une éternité. On interroge Gus. Souvenirs couverts d’embrun. Gus se lance, s’égare. Tout n’est que chimère. En hébreu, Hével signifie buée, souffle, fumée. Sans état d’âme Gus fait travailler son imagination. Patrick Pécherot fait comprendre qu’il n’y a pas de fumée sans feu, ni de buée sans trace.
Alfred Eibel.
Gallimard « Série Noire », 208 p., 18 €.