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Archives Mensuelles: mai 2018

Hével, de Patrick Pécherot

À Paris le pavé, les heures blafardes, la pluie, la pénibilité du voyage, un Paris qui se fissure. Nous sommes en 1958, la guerre d’Algérie fait rage. Nous voilà pris dans une drôle d’atmosphère qui rappelle Ange Bastiani, Georges Bayle, Joseph Bialo, André Héléna. Mais revenons à Patrick Pécherot qui nous présente Gus et André conduisant un bahut chargé de cageots dans la ville lumière à l’éclairage défaillant. Ils discutent, paroles saisies au vol. Le temps passe, le temps efface. Des cadavres dégringolent sur la pierre dure. Un fond de tristesse anime les deux convoyeurs contrôlés qu’ils sont par des flics. Gus et André font la connaissance de Simone, une Française bien de Paris. En 2018, on s’interroge sur un meurtre oublié depuis une éternité. On interroge Gus. Souvenirs couverts d’embrun. Gus se lance, s’égare. Tout n’est que chimère. En hébreu, Hével signifie buée, souffle, fumée. Sans état d’âme Gus fait travailler son imagination. Patrick Pécherot fait comprendre qu’il n’y a pas de fumée sans feu, ni de buée sans trace.

 

Alfred Eibel.

Gallimard « Série Noire », 208 p., 18 €.

 

 
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Publié par le mai 13, 2018 dans Uncategorized

 

Jacques Schmitt : Poésies, Sonnets prosaïques, Délices de Vauban, La fille de la nuit

Le poète monte en chaire, dit que ce qui est écrit ne peut être réduit. Chaque mot est un regard, chaque mot est une prescription, chaque mot est une interrogation qui vaut parfois une certitude. Le lecteur sent les vers le poursuivre. « Tout est à sa place quand tout est bien ». Émerveillons-nous en silence. Lire et redire, voilà qui anime le poète qui puise aux sources de la poésie française. Il a de l’éloquence : « que le tournesol en flèche décoche sa flamme ! ». La main lui permet une ironie foudroyante. Pourquoi avons-nous découvert ce poète si tardivement ?

 

Alfred Eibel.

Éditions : Aux dépens de Claude Schmitt, 32 rue de la Mathe de Bec – 40140 – Souston. arasole@orange.fr

 

 
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Publié par le mai 13, 2018 dans Uncategorized

 

Hubert Artus, Maurice G. Dantec, prodiges et outrances

J’ai longtemps fréquenté Maurice G. Dantec (1959-2016). Je l’ai retrouvé au festival « Les étonnants voyageurs » à Saint-Malo. J’ai été un des premiers à signaler dans Le Quotidien de Paris La sirène rouge paru à la « Série Noire ». Un « roman poursuite » qui rappelle La mort aux trousses d’Alfred Hitchcock. On s’est retrouvé avec Maurice lors des événements de Bosnie. Capitalisme, corruption, crimes sont les caractéristiques de ses deux premiers romans dont Les racines du Mal, formidable pile ou face du comportement. Pour Schalzman, personnage pivot de ce roman, c’est une question de raison ; ce qui ne veut pas dire qu’il a raison selon les normes de la société. Radicalisé, Schalzman s’est réfugié sur une autre planète. Ceux qui partent de la doctrine de Descartes pour tenter de le remettre dans le droit chemin se mettent en défaut, puisque Schalzman est déjà dans le droit chemin ! Dans le monde chaotique de Maurice G. Dantec, le roman doit s’intéresser aux problèmes qui ne sont pas solubles. Il me disait en septembre 1995 : « Je suis persuadé que la France est entrée dans une ère de déclin inéluctable. Je pense que les problèmes de la littérature en sont le reflet. On n’a plus rien à dire sinon à protéger nos quotas culturels ». Si vous voulez vraiment tout savoir sur sa vie, son œuvre, dépêchez-vous de vous procurer ce livre. Moi, je vous parle ici du Maurice G. Dantec avant son départ pour un autre monde.

 

Alfred Eibel.

Éditions Séguier, 334 p.21 €.

 
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Publié par le mai 13, 2018 dans Uncategorized

 

Raison d’être de C.F. Ramuz

Lecteur, oubliez la vitesse d’une lecture rapide. Avancez avec une sage lenteur, soyez en prise directe avec le texte, sa facture verbale particulière qui n’évite pas les douces collisions des paragraphes, leur aspect heurté, la syntaxe à rebondissement. Ça y est, cette fois-ci vous y êtes. C.F. Ramuz vous traverse la mémoire et le cœur. Au commencement, il y a l’école. Son but, venir au monde par les livres tandis que vous tournez le dos au monde qui demain sera le vôtre. Remonter le cours des siècles consiste à vouloir remonter un escalier mécanique qui descend. Avec sa facture verbale particulière, C.F. Ramuz s’interroge sur son pays de Vaud. Où situer sa foi ? Faut-il se rendre, oui, absolument, à Paris ? En 1902 il s’y installe. C.F. Ramuz n’est pas raccord avec la ville. Il lui semble n’être nulle part, se sent épié, penseur solitaire, indigent, et tout le bataclan qui va avec l’isole encore davantage. Paris l’empêche d’être lui-même. Retour dans son cher canton. Il découvre la vie vivante des livres et son écriture si proche de la terre, du cri spécifique du cheval.

 

 

Alfred Eibel.

Préface de Romain Debluë.

Éditions de l’Aire bleue, 100 p.18 €.

 
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Publié par le mai 13, 2018 dans Uncategorized