Méfions-nous des étiquettes collées aux écrivains par la critique. François Kasbi comble les lacunes de cette seconde édition placée sous l’invocation de Stendhal. Se réunir autour d’une table, écouter notre ami qui nous dit ce qu’ont les écrivains dans le ventre, singuliers, souterrains, devenus des classiques par la patine du temps. Les ausculter en médecin. Les faire émerger des cases où on les maintient. Trouver la pièce manquante du puzzle, obtenir son identité réelle, se pencher sur les accidents de sa vie qui comptent plus qu’on ne l’imagine. Par exemple, le XIXe siècle parfois dénaturé ou simplifié. En scaphandrier, Kasbi plonge dans les profondeurs et découvre l’étendue d’une œuvre. Ne pas être rebuté par le fort en gueule Léon Bloy. Goûter le fruit derrière l’écorce. Comprendre qu’après tout compte l’énergie d’un écrivain. Cette énergie qui l’emporte toujours sur le pêle-mêle de ses idées déjà oxydées. Dépoussiérer Claudel ou le décatholiciser, peu importe. Apparaît alors « le bois rutilant ». Par ailleurs, n’allons-nous pas trop vite lorsque nous pensons que tel écrivain est bien représentatif de son temps ? Ravaler la façade pour faire apparaître les différentes matières qui entrent dans la construction d’une œuvre. Brocanteurs littéraires de tout poil, sachez qu’avec François Kasbi vous aurez du neuf. Vous verrez sous un jour nouveau des écrivains aussi différents qu’Aragon, Drieu, Berl, Valery, Gobineau, Fraigneau.
Alfred Eibel.
Éditions La Bibliothèque – Coll. Les Billets de la Bibliothèque, 167 p. 14 €.