Vanté par Kafka et Robert Musil, l’écrivain suisse d’expression allemande Robert Walser (1897-1949) était un être instable, solitaire, mélancolique. Dans ses 262 lettres on sent un homme tatillon, au comportement d’adolescent, porté aux éloges, passant d’un sujet à l’autre sans crier gare dès lors qu’il lui fallait exprimer une vérité urgente. Parmi ses nombreux correspondants, Hermann Hesse et Max Brod. Walser a vécu à Soleure, Vienne, Munich, Berlin, et n’a pas connu de profession stable. Employé de banque, laquais au service d’un comte, bonne à tout faire. Sa vie, parcourue d’une sourde angoisse, son goût de l’humiliation, son existence matérielle difficile, ses crises dépressives et ses nombreux enfantillages, ses changements de domiciles, l’ont amené à séjourner plus d’une fois dans des cliniques psychiatriques. Ses lettres le montrent enjoué, désinvolte, aimant la neige et les longues promenades en forêt. Walser appartient à la tradition du romantisme allemand. Il rêve d’un monde idéal ; craint que celui-ci ne s’assoupisse. Il parle avec précipitation à ses interlocuteurs et peut dérouter. Il s’y connaît en amabilités lorsqu’il veut obtenir ce dont il a besoin dans les plus brefs délais. Il aime le silence, reste pensif des jours entiers, se montre indifférent à toute valeur sociale. Ce qui nous le rend proche, son enthousiasme juvénile, la limpidité de son style, une certaine grandeur. Oublié après sa mort, il est redécouvert en 1960. consacré comme un des écrivains majeurs du XXème siècle, sa réputation dépasse largement les frontières de la Suisse. Le nombre d’études qui lui ont été consacrées indique l’importance de son œuvre.
Alfred Eibel
Editions Zoé, 460 p., 28 €.