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Archives Mensuelles: février 2015

« Dictionnaire amoureux des Faits divers » de Didier Decoin, de l’Académie Goncourt

Formidable dictionnaire que celui de Didier Decoin qui sort des sentiers battus, éveille la curiosité et ravira les voyeurs. On y croise l’improbable. Le plus combinard des criminels surprendra, et de loin, le gros malin en mal d’imagination. La convoitise, la jalousie, sont des moments difficilement maitrisables. L’adultère, lui, fait partie des classiques du crime. Quant à la parité hommes – femmes, elle est respectée. Ces dames se sont autant distinguées que ces messieurs. Les prédateurs, les grands détraqués sexuels, les hommes politiques criminels, les tueurs en série déploient ici leurs panoplies. Exécutions capitales, cannibalisme, enlèvements, chantages, se distinguent par leur côté aventures extraordinaires que la noirceur pousse vers l’abjection. C’est pitié de voir tant d’anonymes présents au mauvais endroit à la mauvaise heure. Dans ce dico, on trouvera également des artistes brutalement ravis par la mort. Les amateurs d’atrocités, de forfaits sinon de forfaiture, y trouveront leur compte.

 

Alfred Eibel

Plon, 820 p. 24 €.

 
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Publié par le février 24, 2015 dans Uncategorized

 

La Parisienne de Paris, illustrations de René Gruau

Avisée, ingénieuse, peuple ou bourgeoise, la Parisienne étudiée par Gérard Bauer, Pierre de Régnier, Henry Becque, Antoine Laurain, écrivain et esthète, est un mythe qui débouche sur une réalité. Difficilement saisissable, séductrice et délicieuse, farouche, libre, elle apparaît comme un personnage indispensable, jamais achevé, habile à prendre la tangente. C’est bien ça qui fait le charme de la Parisienne.

 

Alfred Eibel

Éditions Séguier, 252 p. 24 €.

 
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Publié par le février 12, 2015 dans Uncategorized

 

JEAN-PIERRE MARTINET, LE VENTRILOQUE

Souvenirs d’Alfred Eibel…

Voisins de palier de dix ans, une amitié indéfectible, une complicité qui nous mena sur des chemins qu’on ne recommande pas. Mise à nu des protagonistes, ces souvenirs sont parcourus de fourmillements, de rencontres nocturnes ; d’ébriété, d’errances, de conduites perverses, d’érotisme, d’invectives, de prises de bec dont l’œuvre de Jean-Pierre Martinet porte les stigmates. La littérature y prendra sa part, dans ce qu’elle a de plus secret, mais aussi de plus futile. Enfin, l’humour, la dérision, l’ironie, couronneront cet ensemble.

Alfred Eibel
Écrivain et journaliste, Alfred Eibel a été le premier éditeur de Jean-Pierre Martinet, pour Un apostolat d’A. t’Serstevens. Misère de l’utopie (1975). Il a préfacé la réédition de Jérôme (2009). Les lettres que lui a adressées Jean-Pierre Martinet entre 1979 et 1988 ont été publiées par la revue Capharnaüm (n°2, été 2011) sous le titre Sans illusions…

 
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Publié par le février 11, 2015 dans Uncategorized

 

Brouillard, de Jean-Claude Pirotte.

Livre de rentrée. Mini-choix de Valeurs.

Jean-Claude Pirotte, à ses débuts, avec une régularité de métronome, s’échappe de l’univers clos qu’est la société. La liberté est sinueuse, elle a un prix. Le narrateur de Brouillard, prisonnier du cancer, tente de reprendre la main sur son passé. Classer ses souvenirs. Faire paraître les petits faits quotidiens plus gros qu’ils ne sont, les filtrer, les charger de poésie, des bribes de vie happées au hasard.

Ses maladresses, ses mauvaises fréquentations, son mariage obscur, ses malaises, tout mérite d’être signalé dans ce tohu-bohu de souvenirs rassemblés à la sauvette. « C’est un bonheur de se procurer son propre étonnement ». La tâche du poète, se laisser surprendre, mettre au net les fractions d’épaves qui remontent à la surface. Pirotte évoque le « nouveau siècle qui déjà se démantibule ». Il est temps de sauver les livres qui l’inspirent.

Alfred Eibel

Le Cherche-Midi éditeur, 144 p. 13,50 €.

 
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Publié par le février 4, 2015 dans Uncategorized

 

La lettre au capitaine Brunner, de Gabriel Matzneff.

Si vous avez aimé Nous n’irons plus au Luxembourg, vous retrouverez ses personnages dans ce livre. Tous les thèmes matznéviens se retrouvent, imbriqués, suite de guirlandes dont l’auteur s’est chapeauté. Le petit cercle russe en exil à Paris, la foi orthodoxe, le plaisir et l’érudition, le temps qui passe. Heureux qui comme les personnages ont fait de beaux voyages. Rome, Naples, Venise, mélange de réflexions, d’aventures, de chagrins d’amour qui ne durent qu’un instant, d’assertions contre l’uniformité de la société, de déclarations passionnées, de ruptures, d’impertinences, d’étourdissements et de quelques vacheries. Parvenu à son plus haut degré d’incandescence, l’amour se consume, hélas. Est-ce la raison pour laquelle un des personnages clé du livre se suicide ? Un peu de mystère ne nuit pas. L’ensemble se présente comme une célébration continuelle de l’énergie vitale et une leçon d’écriture. Matzneff en profite pour délivrer ses plus secrets conseils. Ce qui n’empêche pas les maîtresses de défiler dans une société libertine où les intrigues sont assorties des règles de galanterie ; et de plus, sous les couleurs de Rome, ce qui n’est pas rien. Un écrivain est libre s’il l’est comme l’air. Ce n’est pas bien vu des philistins, respirer le grand air ailleurs ; de préférence un air pur là où cela est encore possible ; affirmer son indépendance, son autonomie, ce que Matzneff depuis ses débuts en littérature n’a cessé de faire. Ce livre montre le parcours d’un écrivain qui s’est mis sous l’invocation de la beauté. Livre vivant, ironique, alerte, fertile en rebondissements. N’est-ce pas suffisant pour lui attirer des lecteurs à la recherche de l’imprévisible, de l’inattendu, loin du monde qui nous emprisonne. « La plus grande sagesse de l’homme consiste à connaître ses folies », écrivait Madame de Sablé. Gabriel Matzneff nous en offre un magnifique assortiment.

Alfred Eibel

La Table Ronde, 204 p. 17 €.

 

 

 
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Publié par le février 4, 2015 dans Uncategorized