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C.F.Ramuz, Posés les uns à côté des autres

03 Déc

Le style de C.F.Ramuz (1878 – 1947) n’est pas facile d’accès à cause notamment de son aspect parlé. L’ouvrage, resté inédit de son vivant, se caractérise par une série de personnages dans un village vaudois. Hommes et femmes n’ont pas grand-chose à se dire. Ils ruminent, expriment parfois leur joie discrètement, puis soudain se posent la question de leur utilité sur terre. Tout leur semble étriqué. Rien ne s’accélère. La nature prend sa part. Chaque jour les mêmes gestes, peu de paroles, de la patience. Tout est solennel y compris la pauvreté avec quelque chose de biblique. Une forme de douceur s’installe dans cette campagne où le moindre détail a son importance. On dirait que les arbres chantent, que rien ne s’accélère dans un ensemble de mouvements lents qui permet à l’écrivain de saisir les détails les plus ordinaires. Les personnages de ce livre ne semblent être reliés à rien parce qu’il ne faut pas penser, parce que penser est une maladie. Les instants heureux sont à peine lisibles dans ce que Gustave Roud (1897 – 1976) appelle « campagne perdue ». Quand on ne se sent plus relié à quoi que ce soit, on éprouve la terre ferme. L’évènement est clos. On vaque à ses occupations. Ici, Ramuz a rassemblé autant d’eaux-fortes que de personnages. Il arrive qu’on se suicide, on se pend. Le corbillard n’est pas loin. La terre est profonde. Une fois revenu, la terre est ferme. On revient à son savoir-faire. Qui sommes-nous au juste ? C’est cela auquel le lecteur est confronté.

Alfred Eibel.

Éditions Zoé poche, 304 p. 11 €.

 
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Publié par le décembre 3, 2020 dans Uncategorized

 

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