Que d’encre versée sur les Templiers depuis qu’on en parle. Un trésor serait caché quelque part qu’on a du mal à trouver. Plusieurs légendes circulent à propos de ce fabuleux butin. Certains exégètes tentent de rapprocher ces pèlerins en Terre Sainte de la situation du monde d’aujourd’hui. Heureusement Jean Haechler est là pour débroussailler tout cela. Ce spécialiste du XVIIIe siècle s’est emparé du XIIIe. La réalité historique prêtant parfois à confusion est ici assouplie par la fiction dans un moment de l’Histoire fort perturbé. L’ordre religieux et militaire des Templiers a été fondé par Hugues de Payres en 1119. Cet ordre n’a pas chômé. Défenseur des pèlerins en Terre Sainte, il a aussi accumulé domaines et forteresses et prêté de l’argent aux pèlerins et aux rois et projeté de faire asseoir sur le trône de Saint Pierre un des leurs. Arrêtés en octobre 1307, les Templiers sont soumis à la question et ont avoué des crimes invraisemblables. Philippe IV le Bel friand de fric se frotte les mains. Il ne va pas tarder à s’emparer de la totalité des biens des Templiers puis à les excommunier et supprimer leur ordre. En somme, une sorte d’affaire Fouquet d’un autre âge. Avec force et sans complaisance, s’en tenant strictement aux faits, ne cherchant pas à les interpréter, Jean Haechler nous plonge dans un siècle habitué aux règlements de comptes. La jalousie est ici le prétexte à disqualifier un adversaire créé de toutes pièces pour en faire un coupable idéal et, au bout du compte, après maintes tergiversations, l’éliminer physiquement. Liquidateur patenté, envahisseur, homme de conflits, faux-monnayeur, à l’occasion terroriste, Philippe IV le Bel aura sans le vouloir assis le mythe des Templiers en l’auréolant de récits merveilleux.
Alfred Eibel.
Éditions Atlantica en partenariat avec France-Univers, 574 p. 25 €.
LES CHRONIQUES D'ALFRED EIBEL 