Quand le peu de tranquillité anime une ville, la confusion le dispute à la provocation. Tant de mecs se sentent une grandeur d’âme ce qui appelle un combat singulier, un duel pour une cause indéfinissable. Marseille semble être un terrain idéal. Discours, plaintes se mélangent. Les flics se mettent en intrépidité face à des enfants livrés à eux-mêmes à la recherche d’une bonne échauffourée chauffée à blanc. Fabre est l’animateur qui donne vie à ces émeutes, au chômage, à la misère et la drogue. « La fabrication d’utopies, dans cette ville et dans ce monde, c’est un artisanat en faillite ». Fabre égrène des existences heurtées en permanence, des bagarres sans fin, dans un royaume farfelu peuplé de paumés mais aussi de biches égarées qui subitement s’éclipsent et de drôles de zigues, des rebelles sans cause. C’est continuum que ce roman nous propose, à croire qu’une ville n’existe que par ses secousses sismiques. On souhaite qu’un jour cessât la volonté des faibles. Quelques personnages voyagent à travers ce roman dont une femme en particulier, heureusement, au cours de cette équipée qui charrie tant de pauvreté. Cette femme sera l’élément salvateur du héros de ce roman dont on sort ébouriffé.
Alfred Eibel.
Éditions Sang Neuf, 203 p. 18 €.