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Archives Mensuelles: avril 2020

Ernst Toller, Le livre des hirondelles. Allemagne 1893-1933. Souvenirs d’un lanceur d’alerte

Voici le destin tragique d’Ernst Toller (1893-1939), ancien membre du mouvement révolutionnaire de Bavière (1918). Il s’est vite rendu compte que la vieille Europe s’effritait, que la jeunesse allemande avait été honteusement victime d’hommes sans foi ni loi. La propagande pacifiste d’Ernst Toller lui vaut d’être condamné à mort après l’écrasement des soviets de Bavière, puis sa peine commuée en cinq ans de prison. De sa cellule, il observe les hirondelles bâtir un nid avec application et amour. Lui, si inquiet et fébrile, n’a-t-il pas lutté contre l’abêtissement des esprits, contre l’idolâtrie de l’État, sans ménager ses efforts ni sa santé ? En prison, il commence à écrire des pièces de théâtre expressionnistes racontant les turbulences de l’Allemagne. Par exemple Die Wandlung1 qui paraît en 1919, atteignant vingt mille représentations en 1922. Comme d’autres de ses pièces, Toller veut démontrer, nous conter ; mêler le fantastique à des scènes brutales. L’arrivée d’Hitler au pouvoir le pousse à se rendre en Espagne pour aider les enfants réfugiés. Rien de ce qu’il espérait de la République de Weimar n’a donné naissance à une société foncièrement démocratique, apaisée, non nationaliste. Désespéré, Ernst Toller se rend à New-York. On le retrouve pendu dans une chambre d’hôtel en mai 1939.

1 La transformation

Alfred Eibel.

Éditions Séguier, 336 p. 21 €.

 
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Publié par le avril 18, 2020 dans Uncategorized

 

Ludovic Roubaudi, Nostra Requiem

Campagne perdue chez les paysans. Le père élève des chevaux. Il aime raconter des histoires. L’une d’elles à son fils Anton pleine de fantaisie et de morale : savoir lire, écrire et compter. Avec cela on est armé pour la vie. Anton part sur les routes affronter la vraie vie. Il croise des gens simples en harmonie avec la nature. Il se heurte ici et là à une réalité moins enchanteresse. Lorsqu’il n’a plus de nouvelles de son frère Brubeck, il lui faut le retrouver. C’est alors que la réalité se gâte, montre sa face la moins aimable. Forces divines ou forces démoniaques, on ne sait. Sûr, Anton fait des mauvaises rencontres, puis au détour dont on ne sait quoi il est absorbé par l’armée en campagne. Il n’en demeure pas moins qu’il rencontre l’amour dans un lieu, c’est le moins qu’on puisse dire, qui manque d’élévation. Il s’embourbe comme les chevaux victimes d’une violente agitation de l’air. On retrouve dans ce roman ce qui est spécifique aux contes d’antan, au vagabondage des romans d’aventure du XVIIIe siècle et enfin à l’univers d’un Théodore Francis Powys (1875-1953), où l’innocence d’un personnage passe sans transition d’une vie banale au surnaturel.

Alfred Eibel.

Serge Safran éditeur, 129 p.12,90 €.

 
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Publié par le avril 18, 2020 dans Uncategorized

 

Le navire Arthur et autres essais, de Gérard Macé

Trois médecins confrontés aux résidus du monde suivant leur spécialité. Parent-Duchâtel face à une épidémie déclarée au XIXe siècle sur le navire Arthur. Adrien Proust, le père de Marcel Proust, luttant contre la peste et le choléra. Nous voici arrivés à Louis-Ferdinand Destouches, dit Louis-Ferdinand Céline vu par Gérard Macé. Triste sire, crado, fringué comme un as de pique, tenue revendiquée si l’on ose dire, s’étant ainsi créé un personnage. Céline n’aime pas le style lisse qui fait partie des écrivains de bonne tenue. Céline met au point une langue très personnelle, bondissante. Il y met le même soin qu’il met à se nipper. Dans le genre folie de la propreté, il faut mentionner Howard Hugues (1905-1976), producteur et réalisateur américain. Craignant d’être contaminé par n’importe quel geste à main nue, il portait des gants en toute occasion. Le phénomène ne figure pas dans le livre mais il est symptomatique d’un hygiénisme qui n’est pas sans danger, constate Gérard Macé au cours de ce livre, à propos de ceux qui se détournent d’un monde scatologique dont les hommes sont les premiers responsables.

Alfred Eibel.

Éditions Arléa, 88 p.,15 €.

 
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Publié par le avril 18, 2020 dans Uncategorized

 

François Kasbi : Bien sûr que si !

C’est toujours une célébration de retrouver les mots justes d’un amour défunt, celui de Clarisse. L’époque, le jour, une phrase, l’instant d’une joie à deux. Et c’est un moment où l’écriture se force d’un souvenir visuel qui s’est imprégné dans la mémoire ; que le miracle s’est accompli non sans tâtonnements ou atermoiements, non sans culpabilité après un long silence, l’esprit fourvoyé, le doute qui taraude et laisse Kasbi sur un chemin de traverse qui n’est pas celui qu’il fallait emprunter. Il se souvient encore après la séparation de ses déclarations appuyées, parfois mal choisies. Le battement des artères, le ressassement puis, soudain, l’esprit ébloui par un acquiescement de Clarisse. Viennent au secours de Kasbi des citations littéraires comme autant de témoins prêtant serment à la barre, prenant la défense de l’auteur. Mon cœur au ralenti, titre d’un roman de Marice Dekobra, titre qui convient à ces pages droites. Parfois on a la sensation d’assister à la projection d’un film à l’envers dans lequel on découvre ce qu’on n’avait su voir lors de son déroulement logique. Un climat d’inquiétude plane tout au long de ce récit qu’on pourrait rapprocher d’un tempérament, celui de Benjamin Constant lors de ses multiples hésitations. Au bout du compte, le renvoi de Kasbi à la case départ : son amour pour Clarisse.

Alfred Eibel.

Les éditions de Paris – Max Chaleil, 155 p. 15 €.

 
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Publié par le avril 18, 2020 dans Uncategorized