Après Le dernier stade de la soif, après L’épreuve de la faim, voici À la merci du désir, une suite de confessions intimes, de récriminations avec une précision maniaque, à quoi s’ajoutent l’angoisse, le côté taciturne de Frederick Exley (1929 – 1992). Des rencontres hors norme, des divagations auxquelles l’auteur insère quelques filles superbes. Un livre à faire rêver portant à bout de bras des héros réels qui s’affranchissent des règles de vie; de merveilleux affabulateurs intarissables qui ne cessent de déblatérer, accablés par leurs dispositions à la tristesse provenant d’une cause physique ou morale, suivant la préférence accordée au lecteur qui s’invite ici avec importance. Des gars qu’il faut parfois supporter lorsqu’ils délirent ou dont il faut se réjouir lorsqu’ils donnent dans un humour qui manque de comique. Mais il n’y a pas que cela, on y trouve coincés entre les pages des neurasthéniques, des hypocondriaques. En résumé, un pas dans l’histoire des États-Unis. Le poète américain E.E. Cummings résume parfaitement le noyau même de ce livre ou plutôt de cette odyssée: « Arriver/vite en courant/filer d’un bon pas/avec moi maintenant/bondit/rit/danse/pleure un bon coup».
Alfred Eibel.
Éditeur: Monsieur Toussaint Louverture, 441 p. 26 €.