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Archives Mensuelles: janvier 2013

2012 in review

Les lutins statisticiens de WordPress.com ont préparé le rapport annuel 2012 de ce blog.

En voici un extrait :

600 personnes ont atteint le sommet de l’Everest en 2012. Ce blog a été vu 10 000 fois en 2012. Pour que chaque personne ayant atteint le somment de l’Everest puisse visiter ce blog, 17 ans auraient été nécessaires.

Cliquez ici pour voir le rapport complet.

 
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Publié par le janvier 27, 2013 dans Uncategorized

 

En feuilletant, en survolant.

Faut-il rappeler que le toucher est un sens auquel Diderot porte la plus grande attention ? La terre sur les aveugles lui sera l’occasion d’en parler à loisir.

 Diderot, un diable de ramage, de Jean Starobinski (Gallimard)

 

 

Aime-moi autant

que je t’aime

tu seras

mon égale

mon contraire.

 Derrière la lampe, d’Alexandre Voisard (Editions Empreintes)

 

 Elle s’appelait Olga de son nom, Olga Chouquette, car t’penses ben que Languille n’était qu’un sobriquet donne par l’plaine pour dire qu’elle était futée de corps comme une anguille ; et pour te le faire court, c’était ce qu’en argot de Panam on appelle un sabot – un de ces crânes de piaf qui, tout en bossant à peu près régulièrement, ne font jamais que bricoler, par faute de pouvoir s’adapter, et font, si j’ose dire du trimard sans sortir des fortifs. Bon.

 Ceux du trimard, de Marc Stéphane, préface de Eric Dussert (L’Arbre Vengeur)

 

 Un home de noblesse ancienne, maire de sa ville à vingt-cinq ans, grand penseur et mathématicien, que ma conne de mère avait abandonné (comment pouvait-elle l’avoir abandonné alors qu’elle était veuve quand elle a rencontré mon père ? Illogisme typiquement féminin, je le souligne) pour mon brigand de père qui répondait au nom de Peppino Sapienza. Et cela n’est rien, écoutez, écoutez !, pour ensuite, à peine un instant plus tard et sous mes yeux effarés, aller voir Ivanoe et de but en blanc hurler derrière lui :
« Tu n’es que le fils dégénéré d’un salaud de fasciste ! »

 Moi, Jean Gabin, de Goliardia Sapienza (Editions Attila)

 

 Comme nous le diront tout au long de ce « voyage », les auteurs sont aussi souvent les premiers à refuser toute séquentialisation du dire policier ; Jean-Patrick Manchette était sans doute l’un des plus virulents : « Les gens de haut goût oublieront les clowneries actuelles sur la « subversion du texte ». Bien sûr je peux apprécier des gens qui sont catalogués « polareux hors polar » (…) mais toute cette ratatouille sur les labels est inepte ».

 Pleins feux sur le polar, d’Isabelle-Rachel Casta (Klincksieck)

 
Alfred Eibel

 

 
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Publié par le janvier 26, 2013 dans Uncategorized

 

Brèves de comptoir

Répertoires des absurdités à ne pas y croire, des niaiseries empilées par des habitués agglomérés au comptoir d’un bistro. Ils se déboutonnent pour accoucher de vérités premières. Naufragés du zinc, ils attendent d’être confortés dans leurs âneries. On se retient de leur dire : dans le doute abstiens- toi de débiter des conneries. Il y a ceux qui déclarent que rien ne va plus, obligés qu’ils sont pourtant d’avancer pour ne pas sombrer. L’inéduqué persiste dans la vulgarité, le surdoué finit par se faire péter les neurones habitué qu’il est aux rapprochements abracadabrantesques. Le gueulard est rarement d’accord avec les politique du moment, corrompu, il l’est par l’alcool, abâtardi par ses conclusions ; dégoûté, il voudrait vivre à la campagne, affirmant n’être ni de droite ni de gauche. Il est bête comme ses pieds et malin comme un primate. Approuvé par son voisin, celui-ci lance à la cantonade : Ah ! Quand les grands esprits se rencontrent ! Il y a ceux qui se disent dans le 36ème dessous. Ils attendent qu’on les plaigne. On les console : les soucis finissent par s’évanouir, l’horoscope en est la preuve. Pour se distinguer, un quidam levant le coude dit qu’il ne se suicidera pas ; alors qu’on ne lui a rien demandé. Il y a ceux qui se sentent obligés de se mêler à la conversation du plus proche : c’est vous qui le dites (répété plusieurs fois). Il y a ceux qui, à l’exemple de Charles Trenet, répètent : n’y pensez pas trop. Un quarteron se refuse à choisir entre boire et conduire. Celui-ci prend des couleurs au bistro plutôt qu’à la plage ; celui-là, un indigné, vocifère. Ce sont des abonnés aux indignités, logiques jusqu’à l’extravagance. On se demande si leur sincérité n’est pas l’indice d’une tare. Ces trois volumes au cours desquels on entend braire les ânes ne peuvent que nous réjouir, nous qui nous croyons plus intelligent, ce qui n’est tout compte fait pas prouvé.

Alfred Eibel

Bouquins, tome I, 1170 p., 25 € ; tome II, 1200 p., 25 € ; tome III, 960 p., 25,50 €.

 
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Publié par le janvier 16, 2013 dans Uncategorized

 

Bérénice 34-44, d’Isabelle Stibbe

Un premier roman. Itinéraire d’un couple de juifs de Russie installé à Paris. Maurice est fourreur. Son obsession, porter un nom typiquement français, être juif heureux en France, avoir un enfant. Ce fut une fille, et, par ces rencontres que le hasard affectionne, c’est à Racine que le prénom Bérénice fut emprunté. Le choix d’un prénom détermine-t-il l’avenir de celle qui le porte ? Doté d’un talent proche des grands feuilletonistes, Isabelle Stibbe entraîne le lecteur et ne le lâche plus. Avec elle nous participons à la première guerre mondiale, au traité de Versailles, au Front Populaire. En grandissant, Bérénice ne perd pas le nord. L’envie de monter sur les planches la tient et cette envie ne cesse de s’intensifier. Son père ne veut rien entendre. Grondements, intimidations, menaces, rien n’y fait. Ingénieuse, Isabelle Stibbe met la pression menant le lecteur d’une pomme de discorde à de multiples tiraillements. On se demande si Bérénice ne s’est pas trompée de vocation. Pour ne pas déclarer forfait elle a besoin d’un complice. Elle le trouve en la personne de Colette, amie et voisine, avec qui elle échafaude un plan qui devrait convaincre son père. Si elle échoue au concours d’admission de Conservatoire national de musique et de déclamation, on comprendra qu’elle fait fausse route. Le redoutable Louis Jouvet qui, s’il a découragé plus d’une vocation, a su promouvoir quelques talents. Bérénice perd pied, se ressaisit, fait la connaissance d’une dame de belle lignée, Madame de Lignières, qui vole à son secours. Les années passent, l’antisémitisme fait son apparition, l’Allemagne fait entendre le bruit de ses bottes. C’est le début des interpellations, des arrestations, des internements. Bérénice vit dans la crainte que l’on découvre son vrai nom. On espère une issue pour Bérénice. Rien n’est moins sûr. Avec une logique implacable Isabelle Stibbe aura raison du lecteur. N’oublions pas que Bérénice de Jean Racine est une tragédie.

 

Alfred Eibel

Serge Safran éditeur, 315 p., 18 €.

 
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Publié par le janvier 9, 2013 dans Uncategorized