RSS

Archives Mensuelles: décembre 2010

Paul Gadenne, Henri Thomas, Georges Perros : Trois phares dans la nuit

Fidèles, solitaires, ils assument le prix de leur solitude. Ils s’interrogent sur l’écriture, se dressent contre les artifices littéraires, ils ont le souci de dire vrai. Poètes, ils sont à la recherche de l’éternel dans l’épisodique. Seuls devant les évènements, devant les êtres, il leur arrive d’avoir des rapports difficiles avec autrui. « Je ne suis pas né pour me plaire » déclare George Perros. Paul Gadenne et Henri Thomas pourraient en dire autant.

Alfred Eibel

La poéthique. Paul Gadenne, Henri Thomas, Georges Perros par Marie-Hélène Gauthier, Editions du Sandre, 444 p., 39 €.

 

 
Poster un commentaire

Publié par le décembre 27, 2010 dans Uncategorized

 

« Les Incivilités », d’Enzo de Pinchahua

Les incivilités
ou les confessions d’un centenaire sétois
Constate qu’on n’est bien servi que par soi-même.
Constate que les préjugés ont la vie dure.
Constate la prolifération des fausses valeurs.
Passe en revue ses souvenirs.
On peut dire d’Enzo qu’il est réac comme Léautaud,
misogyne comme Guitry, alcoolique comme Robert Giraud.
Enzo dépeint la France dans laquelle il ne se reconnaît plus,
une France où tout semble formaté.
Enzo fait songer au dadaïstes. Il se présente comme
l’instrument d’un grand travail de déblaiement, visant la ruine
de toutes les illusions artistiques, humanistes ; cela, dans une langue sacrément vivante, éruptive, une danse de Saint Guy, un enchantement pour le lecteur.

Alfred Eibel
« Les Incivilités », d’Enzo de Pinchahua, Editions du Dauphin Vert, 18,50 €.

 

 
Poster un commentaire

Publié par le décembre 27, 2010 dans Uncategorized

 

Lettres de Dupuis et Cotonet, d’Alfred de Musset


Être de son temps ou ne pas être de son temps, that is the question ; question centrale débattue dans ces lettres. Qu’est-ce qu’une âme romantique ? Comment la distinguer de ce qu’on range habituellement dans la catégorie des classiques ? Créés par Alfred de Musset (1810-1857), Dupuis et Cotonet ne sont pas avides d’action ou de savoir ; ils font l’âne pour avoir du foin. Les deux amis soufflent le chaud et le froid, parlent de poison mais aussitôt d’antidote. Personnalité divisée, Musset exprime les contradiction de son siècle. Syncrétisme et alternance, dirait Montherlant. Nos deux compères s’interrogent sur le métier de journaliste, sur la liberté, sur les abus de pouvoir, sur le vocabulaire, sur les contorsions de la terminologie. Qui croire ? A quoi s’accrocher devant la multiplication des points de vue ? Faut-il faire siennes les pâles idoles de notre temps ou rester accoté au passé ? Faut-il sacrifier aux modes, tout en les critiquant ? A-t-on le droit de se contredire ? Est-on alors coupable ? Ce qui est ici mis en cause, c’est l’idéologie, au sens large du mot, un piège à loups qui mutile. Michel Mourlet dans sa préface note que Musset « passe d’un état à l’autre comme le soleil allume les facettes d’une pierre au doigt d’une élégante ». Les grands créateurs n’ont cessé de s’adresser à eux-mêmes, de démentir, de réfuter, de tenir un discours antagoniste caractéristique d’un esprit indépendant. Ce petit livre est un formidable révélateur de la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. On n’est pas d’une pièce, proclamait jadis un paysan vaudois.

Alfred Eibel

France Univers, 109 p., 18 €.

 

 
Poster un commentaire

Publié par le décembre 27, 2010 dans Uncategorized

 

La « trilogie Treehorn », de Florence Parry Heide et Edward Gorey

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1. « Le Rétrécissement de Treehorn« 

« Mon enfant ne grandit pas ou Mon enfant pousse trop vite », fait partie des craintes légitimes que peut éprouver un adulte responsable Il est moins fréquent qu’un père ou une mère s’angoisse de voir sa progéniture rapetisser. Les cas de rapetissement sont même tellement rares qu’on ne saurait reprocher aux parents du jeune Treehorn de faire preuve d’une telle inertie face au rétrécissement accéléré de leur gamin. Tout juste pourrait-on les blâmer de ne jamais lui prêter la moindre attention, occupés qu’ils sont à poursuivre un trivial dialogue de sourds focalisé sur de minuscules problèmes domestiques.

Le médecin, qu’on finit par appeler, s’avoue dépassé. Quant à l’institutrice de Treehorn, elle se contente de l’admonester. Pleine de bon sens, et convaincue, comme le père, que « les gens ne rapetissent pas », elle exige de l’enfant qu’il se ressaisisse : « Ça ira pour aujourd’hui. Mais arrange ça avant demain. Dans cette classe, on ne rapetisse pas« . Réconfortant…

L’infortuné Treehorn ne peut donc compter que sur lui-même, ce qui n’est pas plus mal. Car, outre la télé dont il fait grande consommation pour tenir à distance le monde « adulte » et continuer de le contempler d’un œil sereinement indifférent, le garçon collectionne les jeux offerts avec les paquets de céréales. C’est dans sa dernière acquisition : « LE GRAND JEU QUI FAIT GRANDIR LES ENFANTS, qu’il trouvera la solution de son problème. Il cessera dès lors de rétrécir sans que nul n’en fasse cas… puis deviendra soudain VERT sans susciter davantage la surprise. À ce stade, ce philosophe né aura heureusement compris qu’il suffit de ne pas parler de soi pour avoir la paix et rester à jamais inaperçu…

 

 


 

 

 

 

 

 

2. « Le Trésor de Treehorn »

La chute du « Rétrécissement de Treehorn » en forme de « cliffhanger » laisse espérer au lecteur une série de nouvelles métamorphoses fantastiques, mais Florence Parry Heide néglige cette piste dès le second volume, paru quelques années plus tard. Treehorn, toujours féru de jeux cadeaux, est devenu un lecteur vorace de bandes dessinées… vorace au point d’avoir relu 19 fois chacun des 14 volumes de sa collection. Ses parents sont toujours aussi distraits et indifférents, le père pontifiant à longueur de journée, la mère ne songeant qu’à sortir s’acheter un chapeau vert, mais d’un vert très particulier. Le couple poursuit ses idées fixes – il est beaucoup question d’argent dans cette famille imprégnée d’idéaux puritains -, et le pauvre Treehorn aimerait bien que son père pense à lui donner le modeste dollar qui chaque mois lui revient. La manne à peine reçue, l’enfant est sommé de la mettre de côté : l’argent n’est pas fait pour apporter du bonheur, mais pour être économisé. Treehorn va donc cacher le dollar au creux d’un arbre, à l’intérieur d’une enveloppe libellée « Instant Magic ». La magie opère, en effet, car bientôt les feuilles de l’arbre se changent en beaux billets de 1 dollar. Treehorn court annoncer ce miracle, mais, une fois encore, personne ne se donne la peine de l’écouter. Il file s’acheter un tas de BD, mais, au retour, son père a la brillante idée de lui redemander le dollar original pour le placer sur un livret d’épargne. Les billets poussés entre-temps sur l’arbre s’effacent alors en quelques instants. Fini le rêve, adieu le trésor, mais il en faudrait plus pour démoraliser le placide garçonnet…

La surdité des adultes aux demandes des enfants, et plus encore à leur parole s’impose comme le thème clé de cette trilogie candide, avec pour pendant l’affirmation de la résilience instinctive de l’enfance. Parry Heide et son excellent illustrateur Edward Gorey observent avec un détachement amusé les entrecroisements aléatoires de ces trois êtres qui semblent n’avoir à peu près rien en commun. Grave et appliqué, Treehorn continue d’évoluer dans son monde, sans ressentiment à l’égard de ses géniteurs, sans réelle surprise à l’égard des miracles qui lui adviennent et, surtout, sans regret de les voir se dissiper. Demain est un autre jour…

 

 


 

 

 

 

 

 

3. « Le souhait de Treehorn« 

Dans ce volume final, c’est un génie sorti d’une jarre poussiéreuse qui permet à Treehorn de savourer le gâteau d’anniversaire que ses parents ont « oublié » de lui offrir. Une fois de plus, Parry Heide évite le double piège de la noirceur et de l’apitoiement pour fonder son récit sur un merveilleux teinté d’ironie : le lecteur sait bien qu’aucun génie, aucun arbre magique ne peut changer durablement une vie d’enfant. Les prodiges n’ont qu’un temps, soyons prêts à les accueillir et acceptons sereinement qu’ils s’achèvent. Une morale toute simple, que résument bien les dernières lignes du récit, lorsque Treehorn se retrouve seul face à son gâteau et, après avoir épuisé ses trois vœux traditionnels, fait un dernier souhait, puis souffle les bougies :

« Voilà. Il était sûr que son vœu se réaliserait. Et si ce n’était pas le cas, peut-être qu’il trouverait un jour une autre jarre, avec un autre génie dedans. Voire avec le même génie.

Et puis, il lui restait le gâteau. Treehorn retira les bougies et commença à couper la première part.« 

Olivier Eyquem

 

 


 

« Le Rapetissement de Treehorn », « Le Trésor de Treehorn », « Le Souhait de Treehorn » de Florence Parry Heide, dessins de Edward Gorey, éditions Attila, 2009-2010

http://www.editions-attila.net

 

 

 

 
Poster un commentaire

Publié par le décembre 27, 2010 dans Uncategorized

 

The New Yorker : « La France et les Français »

Un des 200 dessins d’humour du New Yorker, extrait de « La France et les Français », album traduit et adapté par Jean-Luis Chiflet (réédition Points, 2010)

 
Poster un commentaire

Publié par le décembre 25, 2010 dans Humour, Uncategorized

 

Encore des « idées cadeaux »…

MARC  VILLARD RECOMMANDE : Kem Nunn « Tijuana Straits », éditions Sonatine

 

Fahey, ancien surfeur reconverti dans l’élevage d’engrais, vit dans un mobile home du côté américain de la vallée de Tijuana. Magdalena, jeune mexicaine concernée par la pollution monstrueuse de la ville, échappe à des tueurs qui la coursent pour des raisons obscures. Ils vont vivre quelque temps ensemble et c’est l’occasion pour Kem Nunn de pénétrer cette vallée bouffée par la pourriture, les souvenirs de surfeurs, l’élevage des andains et les meurtres d’ouvrières qui évoquent Ciudad Juarez. L’écrivain rédige des phrases de dix lignes, seulement ponctuées par deux virgules mais sa langue et son propos sont ceux d’un styliste hors pair. Son univers, bouffé par la décrépitude, est exceptionnel.

Marc Villard.

LES CHRONIQUES RECOMMANDENT CES OUVRAGES DES ÉDITIONS CHANDEIGNE :

1. ingonita :

1.1. nouveautés : a. « Le voyage de Magellan. » L’édition de référence sur la question, en 2 tomes, épuisée, enfin rééditée en un seul. Papier bible et cahier couleur inclus. Beau, dépaysant et fortement érudit.

b. « Le fil des Missangas » de Mia Couto. Nouveau recueil de nouvelles du célèbre écrivain mozambicain. Drôle et original, comme d’habitude. On appréciera de se retrouver à nouveau dans l’atmosphère de ce pays bigarré d’Afrique.

 

b. « La frontière », Pascal Quignard. Un Beau livre qui illustre avec des photos du Palais Fronteira le roman de Quignard.

c. « Tombe, tombe au fond de l’eau », de Mia Couto. Très belle nouvelle qui réunit toutes les qualités de Couto. Peut-être son meilleur texte.

 

1.2. Classiques anciennetés : a. « Les Maia », d’Eça de Queiroz. Un des classiques de la littérature portugaise. Saga d’une famille du nord du Portugal, dont l’auteur décrit admirablement l’ambiance et l’esprit.

 

 

 

 
Poster un commentaire

Publié par le décembre 24, 2010 dans Uncategorized

 

LIVRES (ET DVD) À OFFRIR EN FIN (OU DÉBUT) D’ANNÉE

LIVRES (ET DVD) À OFFRIR EN FIN (OU DÉBUT) D’ANNÉE.

 

Une douzaine d’amis ont bien voulu se prêter à cet exercice périlleux, et jouer le rôle de « conseilleur » (mais non de payeur – il faudra vous débrouiller par vos propos moyens ou attendre très longtemps au pied du sapin.)

 

Les gentils contributeurs sont listés par ordre alphabatique…

 

N. T. BINH :

 

Je vais faire de l’autopromo!!

Un DVD dont j’ai conçu les bonus (mais ils accompagnent un chef-d’oeuvre) et un livre que je viens de sortir (mais je n’en suis que le directeur d’ouvrage). Je suis assez fier des deux!

 

Il s’agit de:

 

L’EVENTAIL DE LADY WINDERMERE (+ en supplément, notamment le documentaire LUBITSCH, LE PATRON, de N. T. Binh et Jean-Jacques Bernard), DVD, Éditions Montparnasse, 2010.

 

MONUMENTS, STARS DU 7e ART, bel album très illustré, sous la direction de N. T. Binh, avec de nombreuses contributions de spécialistes et de professionnels (décorateurs, cinéastes, dont Bertrand Tavernier, Patrice Chéreau, Éric Rohmer), Éditions du Patrimoine, 2010.

 

***

 

ISABELLE CHAMPION :

 

« Conseils cadeaux » pour les fêtes… et pour tout le reste de l’année !

 

Quatre livres uniques :

 

« Hitchcock – Pièces à conviction » , un extraordinaire puzzle des archives familiales du maître grâce à sa fille Patricia qui en a écrit la préface. Un album concocté par Laurent Bouzereau (La Martinière)

 

« Jacques Demy » par Marie Colmant et Olivier Père. Encore un livre d’archives familiales… donc irremplaçable. Mais, mon Dieu, que la couverture est laide !  (La Martinière)

 

« Fragments – Poèmes, écrits intimes, lettres » de Marilyn Monroe. Un livre qui nous arrive, au-delà des rêves, du temps et de l’histoire. Dans une forme brute, parfaite et définitive (Seuil).

 

« Le vocabulaire technique de la photographie » sous la direction d’Anne Cartier-Bresson. Un pavé « vieux » de deux ans, intemporel et magique avec, pour chaque « genre », des reproductions au plus proche de l’original et une étourdissante érudition (Marval – Paris Musées).

 

Enfin, je rappelle à tous les Simenon addicts – dont je suis – que l’intégrale de la série télévisée des « Maigret » avec Bruno Cremer sort en DVD.

 

***

 

OLIVIA CHEVALIER-CHANDEIGNE :

 

 

2.1. Nouveautés : a. « Oeuvres », M.Merleau-Ponty.  (Quarto). Faut-il commenter ? De cette manière révolutionnaire de décrire le monde qu’est la phénoménologie, Merleau-Ponty est évidemment une figure centrale. Renouer avec les qualités, c’est-à-dire affirmer contre Descartes qu’elles sont aussi essentielles à la réalité que la quantification des phénomènes qui est le seul objet de la science, offrir un nouveau rapport au corps et, par là-même un nouveau regard sur le difficile problème du rapport esprit/corps, etc. voilà de quoi remplir les fêtes de Noël et les justifier …

b. « La mathématique du physicien », Bernard Diu (Odile Jacob). Parmi tous les outils qu’offre la mathématique, desquels le physicien se sert-il pour connaître la structure intime de la matière ? Non seulement le livre montre que la physique n’a pas besoin de toutes les mathématiques, mais on y apprend en plus que ces dernières ne constituent pas le fondement de la physique. Galilée et Descartes auraient eu tort ????

c. « Océanique », de Greg Egan (Le Bélial). Certainement un des meilleurs écrivains de science-fiction à fondements scientifiques (on n’oublie évidemment pas  Philip K. Dick). En effet, Egan, prof de maths et d’informatique australien, tire dans chaque nouvelle quelques conséquences horribles et bien choisies de théories toutes récentes, qu’elles appartiennent au champ mathématique, physique ou biologique. A lire aussi et surtout en poche son recueil « Axiomatique ». Lecture ardue et passionnante.

 

2.2. Les classiques : a. « Gôdel, Escher et Bach », de D.Hofstadter (Dunod). Si vous n’avez pas encore lu ce livre, faites-le vous offrir, offrez-le vous, ou offrez-le à quelqu’un de géographiquement proche qui aura l’amabilité de vous le prêter, avant de l’avoir lu si possible (il y a en effet  900 pages …).  Retour, enfin, au rationalisme ! Tout est mathématique, ouf ! La confrontation des structures du travail logique de Gödel, musical de Bach et plastique de Escher est réjouissant pour l’esprit (pour le mien en tout cas …), et, convaincant. On regrettera une petite chose, qui est souvent un défaut des scientifiques-philosophes des « States » : une profonde méconnaissance des philosophes « européens » antérieurs à 1950, et ici, précisément, de deux grands mathématiciens-philosophes, Descartes et Leibniz, qui auraient apporter de l’eau au moulin, à l’aide d’arguments profonds et sérieux, des thèses défendues par l’auteur. Du même auteur, « Je suis une boucle étrange », qui dit, en moins de pages, ce qui sous tendait implicitement le « Gôdel, Escher; Bach ».

b. « Oeuvres », C.Lévi-Strauss, Pléiade. Ce Pléiade réunit des textes essentiels et variés de Lévi-Strauss : de l’autobiographie « Tristes Tropiques » jusqu’au très ardu « La Pensée sauvage », en passant par des textes de nature intermédiaire, tel « Lire, écouter, voir ». Pour ceux qui aiment le côté ardu et la volonté formalisatrice de LS, il manque certes le génial « Anthropologie Structurale » … A avoir.

c. Les 4 volumes des oeuvres de Philip K. Dick (Omnibus). No comment.

 

***

 

GILLES CIMENT :

 

Je peux faire comme Binh, et recommander deux ouvrages de référence indispensables :

 

– Cent pour cent bande dessine : cent auteurs du monde entier revisitent cent chefs-d’oeuvre de la bande dessinée (Cité internationale d ela bande dessinée et de l’image / Paris bibliothèques, 39€).

 

– 100 cases de Maîtres : un art graphique, la bande dessinée. Dirigé par Gilles Ciment et Thierry Groensteen (La Martinière, 49,90€).

 

Pour ne pas être trop auto-promotionnel, j’ajouterais deux autres essais remarquables :

 

– Chris Ware, la bande dessinée réinventée,

de Jacques Samson et Benoît Peeters (Les impressions nouvelles, 22€).

– Parodies : la bande dessinée au second degré, de Thierry Groensteen (Skira-Flammarion, 32€).

 

Mais surtout je recommanderais la meilleure BD de l’année – de loin – et sans doute des deux ou trois dernières années :

 

– Asterios Polyp, de David Mazzucchelli (Casterman, 30€).

 

Et puis encore quelques coups de coeur, pour passer un bon moment de lecture :

 

– Omnivisibilis, de Mathieu Bonhomme et Lewis Trondheim (Dupuis, 19€).

– Quai d’Orsay, chroniques diplomatiques, de Christophe Blain et Abel Lanzac (Dargaud, 15,50€).

– Superman : Red Son, de Mark Millar, Dave Johnson et Kilian Plunkett (Panini, 22€).

– Tous à Matha, de Jean-Claude Denis (Futuropolis, 16€).

– Coney Island Baby, de Nine Antico (L’association, 22€).

– Logicomix, de Christos Papadimitriou Apostolos Doxiadis (Vuibert, 22,50€).

– Terry Et Les Pirates T.1, de Milton Caniff (Bdartiste, 46€)

 

***

 

JEAN-YVES DUHOO :

 

Le livre le plus drôle : « Dungeon Quest » (2 tomes parus) par Joe Daly, ed. l’Association. Jeu de rôle en BD, initiatico-déjanté, incroyable;

 

Série francophone en bon québecois, loin du cynisme ambiant : « Paul à Québec », par Michel Rabagliati (et tous les autres de la série aussi), ed. la pastèque; super bien;

 

« Savoir vivre ou mourir », par Catherine Meurisse (ed. Les Echappés, Charlie Hebdo), Catherine en reportage chez la baronne de Rothschild, excellent.

 

***

 

ALFRED EIBEL :

 

« La Poéthique. Paul Gadenne, Henri Thomas, Georges Perros », de Marie-Hélène Gauthier (éditions du Sandre)

« Ciné-club », d’Olivier Barrot et Raymond Chirat (réédition Flammarion)

« Tout là-bas avec Capolino » (roman), de Jean-Marc Lovay (éditions Zoé)

« Aucun de mes os ne sera troué pour servir de flûte enchantée », de Jean-Marc Lovay (éditions Zoé)

(Si vous aimez le nord de Madagascar, Arnold Böcklin, les lémures, la forêt de Brocéliande, André Dhôtel, vous aimerez Jean-Marc Lovay)

Nicolas Bouvier – Thierry Vernet : « Correspondance des routes croisées (éditions Zoé)

(Voyageurs dans l’attente d’être convertis par les antipodes)

« Nazim Hikmet, le chant des hommes », de Nadim Gürsel (éditions Le Temps des Cerises)

Roboratif. Voici le livre qu’il vous faut lire :

« La vie est belle, mon vieux » de Nazim Hikmet (éditions Parangon)

Su Shi  : « Commémorations » (Les Belles Lettres)

(Un lettré au travail sous la dynastie des Song)

« Curieuse », d’Alain Paucard (L’Éditeur)

(Paucard, l’homme par qui se dessine d’un trait vif un superbe portrait de femme intelligente)

« Borinka », de Pierre Drachline (Le Cherche-Midi éditeur)

(Amour, ombres et lumière)

« Les incivilités d’un centenaire sétois », d’Enzo de Pinchahua

(Ce fils de Reiser et de Céline, de Cabu et de Montaigne, de Frédéric Dard, d’Ange Bastiani, de Marcel E. Grancher, dit tout ce qu’il pense. De lui, Drachline dit : « Toutes les pages vous enivrent ou vous soûlent, très précisément. »)

N. T. Binh, François Margolin et Frédéric Sojcher présentent : « Cinéaste et producteur : un duo infernal? » (Éditions Archimbaud/Klincksieck)

 

***

OLIVIER EYQUEM :

 

Michael Henry Wilson : « EASTWOOD », Éditions Cahier du Cinéma. Mise à jour du livre d’entretiens réalisé par le meilleur connaisseur et exégète de Clint. Fondamental

Isabelle Champion, Laurent Mannoni : « TOURNAGES », Editions Le Passage. Ouvrage érudit, passionnant, illustré des plus belles photos de tournage parues depuis longtemps.

Michael Sowa : « BESTIAIRE ». Une plongée dans l’univers fantastique et drolatique d’un grand illustrateur, étrangement méconnu ici.

Jean-Loup Chiflet : THE NEW YORKER – L’humour des chats », Éditions Les Arènes

Une anthologie de dessins… de chats du « New Yorker ». Catmaniaques et catphobiques y trouveront leur compte. Un régal!

 

***

CLAIRE GARSAULT :

 

« Les quatre morts de Jean de Dieu »

Roman d’Andrée Chédid

Flammarion 2010 ISBN 978-2-0812-3351-5

 

Les chats ont dit-on neuf vies, Jean de Dieu en a eu quatre, car il est mort trois fois….

Ce livre qui se lit en quelques heures, que l’on refuse de lâcher avant le point final est noté comme un roman mais dans lequel la poésie est présente tout au long.

Ce voyage temporel de quatre vies traverse l’espace- temps de la guerre d’Espagne à la chute du mur de Berlin. Un voyage où la destinée de Jean lui permet de se faire homme et d’aimer et d’oublier avant de mourir…

L’écriture si fluide d’Andrée Chédid en fait un roman poétique captivant qui mêlent les réflexions philosophique, religieuses, existentielles.

Chaque vie, chaque mort de Jean de Dieu nous renvoie à nos propres vies, à nos propres sentiments, à nos propres désillusions, à nos propres peines.

Un roman émouvant, intelligent et captivant….

 

***

ELISABETH GUERRIER :

 

Romans :

Un chinois : Yu Hua  » Brothers » J’ignore ce que vaut la traduction française, je l’ai lu en anglais.

Autres : tous les travaus d’une de mes chéries Véronique Nahoum Grappe ethnologue, dont un pour le titre  » Le goût des belles choses »

 

***

ELISABETH ITTI :

 

Bernard Fischbach contes et légendes du massif vosgien

http://elisabeth.blog.lemonde.fr/2010/12/14/bernard-fischbach-contes-et-legendes-du-massif-vosgien/

 

Marie Paule Bilger livre d’artiste et toiles

http://www.facebook.com/l.php?u=http%3A%2F%2Felisabeth.blog.lemonde.fr%2F2010%2F12%2F03%2Fmarie-paule-bilger-un-livre-dartiste%2F&h=5b76ddAcaxDjwzSLa8vR42Uc7EA

 

des photos de Jean Jacques Delattre

http://www.jeanjacquesdelattre.fr/index.php

 

Mais aussi des toiles d’Anne Sophie Tschiegg

http://astschiegg.blogspot.com/

 

les rayogramme de Patrick Bailly Maître Grand

http://www.baillymaitregrand.com/

 

Tout Philippe Jaroussky

contre ténor

 

Nemanja Radulovic

violoniste de génie extraordinaire dans Paganini

 

le dernier Houellbecq

 

http://elisabeth.blog.lemonde.fr/category/livres/

 

 

***

ROLAND JACCARD

recommande « Mémoires d’une fripouille » de George Sanders, aux PUF. L’autobiographie d’acteur la plus désenchantée et la plus savoureuse ; actuellement indisponible sur Amazon ; tentez votre chance chez les bouquinistes.)

 

***

 

LÉON-MARC LÉVY :

 

Des nombreuses recommandations du grand gourou  et rédacteur en chef de refletsdutemps.fr, nous avons retenu INDIGNATION de Philip Roth (Gallimard) et EN UN MONDE PARFAIT de Laura Kasischke (Christian Bourgois), ouvrages chroniqués sur « La Vie Littéraire »

 

***

 

HÉLÈNE MERRICK :

 

Pour tous ceux qui ont envie de rire, je recommande « tous » les livres de Tom Sharpe, la trilogie des Wilt, Porterhouse, Panique à Porterhouse, Un neveu récalcitrant… C’est encore plus loufoque que Woodehouse, que j’adore aussi, avec son personnage de Jeeves. Tous les Donald Westlake sont bons à dévorer

Sinon,parmi les plus beaux romans du monde, je compte La Flèche d’Or, Le Cavalier Suédois, Neverwhere (Neil Gaiman), Les Fables de L’Humpur (Pierre Bordage), les livres de Belletto (presque tous sont bien, surtout la série des Régis Mille l’éventreur), Serge Brussolo, un choix incroyable et une imagination de dingue. La série L’Assassin Royal de Robin Hobb et son « spin off » Les Aventuriers de la Mer, de l’Heroïc fantasy fantastique, une vingtaine de tomes à tomber par terre…

PS La Flèche d’Or est de Robert Conrad, le Cavalier Suédois de Léo Perutz, les deux allient l’aventure à des histoires d’amour passionnées. C’est magnifique !

 

***

 

FRANCOISE MONFORT :

 

Je sais que je n’aurai pas le temps de neurone nécessaire pour la liste livres.

alors, un titre, un seul, et très récent: « Life » de Keith Richards.

Une sincérité et une sensibilité hors du commun au service du rock, lui-même dérivé du blues.

Bientôt 50 ans de sacerdoce.

Une réalité dévoilée à tous ceux qui bouffent du stéréoptype avant leur double-cheese-burger.

« Jouer en live avec les Stones, c’est un peu comme vivre dans votre propre pays, un pays à part. C’est comme avoir un empire, mais pas de terre ».

ET PUIS

« Moi? Je veux juste être Muddy Waters, même si je sais bien que je ne serai jamais aussi bon, ni jamais aussi noir ».

Cet empire sans terre, cette volonté d’être noir, personne d’autre que Keef ne l’a exprimée.

Sans lui et ses compères, le blues ne serait pas devenu aussi populaire dans le monde blanc. Ils sont à remercier pour ça. Et pour le reste. Pour tout le reste.

***

 

PATRICK SAFFAR :

 

Une courte liste, centrée sur le cinéma :

 

Livres :

-Hollywood classique – Le temps des géants, Pierre Berthomieu, Editions Rouge profond

(sorti il y a quelques mois, mais on ne finit pas d’en faire le tour. Et quel beau « pavé » sous le sapin !)

-Jerry Lewis, Chris Fujiwara, University of Illinois Press

(on peut le commander sur Amazon. Contient une longue interview avec Jerry).

 

DVD :

Ames à la mer (Opening – bonus par Brion/Rabourdin)

La fille du bois maudit (Universal Classics)

(deux titres qui constituent une bonne introduction à l’oeuvre d’Henry Hathaway, dont on ne parle plus guère).

 

 

***

ERIC VIENNOT :

 

Le dernier roman qui m’a marqué s’intitule Seul le silence de R.J Ellory. A conseiller aux amateurs de romans policier sombres et denses. Dans la lignée de James Elroy ou Denis Lehanne.

 

En BD, je conseillerai tous les livres de Taniguchi, et plus particulièrement Quartier Lointain qui vient d’être adapté en film. A propos de manga, je suis plongé également dans la série 20th Century Boys. C’est superbe. Un récit jonglant avec les époques (années 60, an 2000, 2015), de nombreux personnages très attachants, des thématiques sombres (secte et manipulations politiques, nostalgie de l’enfance, rêves de l’adolescence, héroïsme, deuil, terrorisme…). C’est mon coup de coeur du moment !

 

Sinon en jeux vidéo je conseille vivement Flower disponible sur PS3 (PSN). Une oeuvre d’art à part entière.

 

 

 

 
Poster un commentaire

Publié par le décembre 23, 2010 dans Uncategorized

 

MOTS D’EXCUSE, de Patrice Romain

Ce petit recueil, qui a connu un joli succès, est avant tout une plongée dans l’étrange. Étrangeté d’une langue écrite malhabile fourmillant de fautes d’orthographes et d’incongruités ; étrangeté d’une relation distante, dubitative, et le plus souvent hostile, provocatrice et irrespectueuse à l’égard de l’institution scolaire. La plupart de ces mots d’excuse offrent en quelques lignes des tranches de vie propres à nourrir la réflexion du sociologue amateur familier du Café du Commerce. Derrière les formulations empesées (rares), comme au travers des griffonnages hâtifs ou des questionnements involontairement comiques, on devine des parents à la dérive, excédés par des contraintes élémentaires (assiduité, ponctualité, respect de la figure de l’enseignant) qui leur sont devenues étrangères.

Mais ce livre réjouissant offre surtout des centaines de bonnes raisons de s’esclaffer. Candeur et insolence s’y côtoient à chaque page, et l’on ne peut qu’admirer l’aplomb, la mauvaise foi, les inépuisables capacités d’invention des scripteurs dans la défense de leurs chères et insupportables têtes blondes.

Quelques échantillons?

« Monsieur, Excuser moi, pour ce Matin une petite panne de Reveille. Que voulez-vous, c’est la vie! Merci d’avance. »

« Monsieur, Cela fait quatre fois que ma fille est absente et cela fait quatre fois que vous me demandez un mot d’excuse. Je crois savoir que vous n’avez pas d’enfant. C’est sans doute la raison pour laquelle vous vous acharnez ainsi. J’excuse donc une nouvelle fois Bénédicte. Salutations distinguées. »

« Madame, C’est sûr, ma fille n’était pas à l’école hier. Mais, quand on y réfléchit, qu’est-ce que 6 heures dans toute une vie? N’y a-t-il pas des choses autrement plus graves en ce monde. Sincèrement vôtre. »

Etc.

Olivier Eyquem

« Mots d’excuse », de Patrice Romain, François Bourin Éditeur, 2010

 

 

 
Poster un commentaire

Publié par le décembre 23, 2010 dans Uncategorized

 

Une bien étrange attraction, de Tom Robbins

1970. Date de publication de ce livre aux Etats-Unis. Années des graffiti, des hippies, du farfelu, du mirobolant, du tout-à-l’égout des convenances. La belle Amanda lance son slogan : « Je crois à la naissance, à la copulation et à la mort ». Tom Robbins marie Amanda à Paul Ziller. Ils ouvrent un zoo au bord de la route. Ils en profitent pour vendre des saucisses. Entre eux les cultures se mélangent. Le récit s’amplifie, on perd pied, on retombe sur ses pattes, ravi par la fluidité du récit. De la logique on s’en balance : l’absurde a ses raisons que la raison ignore. Vatican et Bible sont bizarrement intégrés dans cette tambouille d’idées, de convictions, de croyances, de provocations, de superstitions. En supplément, un gourou et sa mystique sans faire impasse sur la mystification. Raisons pour ne pas rater le livre de Tom Robbins.

Alfred Eibel

Une bien étrange attraction, de Tom Robbins, Gallmeister, 391 p., 24,50 €.

 

 
Poster un commentaire

Publié par le décembre 18, 2010 dans Uncategorized

 

Le signal, de Ron Carslon

Le récit démarre en quatrième vitesse. Défilent paysages, couleurs, intempéries. Nous sommes dans les montagnes du Wyoming striées de lignes de roches argentées et coiffées de neige au sommet la plus grande partie de l’année. Ron Carslon a pour la nature une vénération sans limite. Il décrit les promontoires rocheux, les grands arbres, le doux crépuscule humide, l’Amérique des origines dont il a la nostalgie. Dans ce contexte, Mark et Vonnie décident de se séparer. Endetté Mark est obligé d’accepter un travail pas très honnête. Il lui faut de l’argent pour sauver son ranch. Polar des hautes cimes, l’auteur privilégie les bois, les ondes qu’il dégagent sur les hommes et femmes au comportement changeable.

Alfred Eibel

Le signal, de Ron Carslon, Gallmeister, 222 p., 22 €

 

 
Poster un commentaire

Publié par le décembre 18, 2010 dans Uncategorized