En Irlande, l’opposition entre catholiques et protestants ne semble jamais prendre fin. Il s’agit en fait d’une guerre civile avec ses arrestations, ses incarcérations, ses massacres et ses tortures infligées par une Grande-Bretagne gourmande. Et nous sommes en 1916 ! Mourir dans ses bottes, disait John Ford. Pour Maxime Dalle plutôt qu’un simple itinéraire, c’est un voyage en des lieux saints, dans un esprit de dévotion, comme c’est le cas à Jérusalem.
Assoiffée de spiritualité, Sainte Thérèse d’Avila, dans son Château intérieur, exprimait le cheminement de la grâce dans les demeures de l’âme. C’est bien ce que cherche Maxime Dalle en allant à Jérusalem non pas en touriste, mais pour sauver sa foi plus que son baluchon. Écouter les pas antiques, s’isoler du monde extérieur, silence et méditation, sans mise en scène. Rien n’est simple puisque la simplicité semble aujourd’hui bannie. Parvenir à cette progression spirituelle dont parlait Patrice de la Tour du Pin (1911-1975), c’est bien cela que Maxime Dalle poursuit dans ses déplacements, ses notes tendues vers l’essentiel qui est l’essence même des choses. Loin d’une Europe qui fait sa mijaurée, le voilà à Bagdad où l’on tente désespérément de sauver les meubles de la chrétienté qui n’est pas seulement en danger, mais sur le point d’être éliminée de la région. Pour les chrétiens, l’espace se réduit de jour en jour. On suppose qu’il n’était pas nécessaire de préciser que nous sommes loin du Voleur de Bagdad de Raoul Walsh ainsi que de Caravan de Duke Ellington.
Alfred Eibel
Éditions du Rocher
155 p – 14,90 € .