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Archives Mensuelles: mai 2019

Maxime Dalle : « Itinéraire au crépuscule – Belfast, Jérusalem, Bagdad »

En Irlande, l’opposition entre catholiques et protestants ne semble jamais prendre fin. Il s’agit en fait d’une guerre civile avec ses arrestations, ses incarcérations, ses massacres et ses tortures infligées par une Grande-Bretagne gourmande. Et nous sommes en 1916 ! Mourir dans ses bottes, disait John Ford. Pour Maxime Dalle plutôt qu’un simple itinéraire, c’est un voyage en des lieux saints, dans un esprit de dévotion, comme c’est le cas à Jérusalem.

Assoiffée de spiritualité, Sainte Thérèse d’Avila, dans son Château intérieur, exprimait le cheminement de la grâce dans les demeures de l’âme. C’est bien ce que cherche Maxime Dalle en allant à Jérusalem non pas en touriste, mais pour sauver sa foi plus que son baluchon. Écouter les pas antiques, s’isoler du monde extérieur, silence et méditation, sans mise en scène. Rien n’est simple puisque la simplicité semble aujourd’hui bannie. Parvenir à cette progression spirituelle dont parlait Patrice de la Tour du Pin (1911-1975), c’est bien cela que Maxime Dalle poursuit dans ses déplacements, ses notes tendues vers l’essentiel qui est l’essence même des choses. Loin d’une Europe qui fait sa mijaurée, le voilà à Bagdad où l’on tente désespérément de sauver les meubles de la chrétienté qui n’est pas seulement en danger, mais sur le point d’être éliminée de la région. Pour les chrétiens, l’espace se réduit de jour en jour. On suppose qu’il n’était pas nécessaire de préciser que nous sommes loin du Voleur de Bagdad de Raoul Walsh ainsi que de Caravan de Duke Ellington.

Alfred Eibel

Éditions du Rocher

155 p – 14,90 € .

 
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Publié par le mai 10, 2019 dans Uncategorized

 

Les gens de La Clairière, de Régis Rivald

S’agit-il d’un structuralisme littéraire ? En tout cas la distance que s’impose l’auteur, les journées dont il rend compte, forment une suite de constats obligeant le lecteur à prendre acte, à entrer dans le roman en intrus. Départ d’une famille en vacances à La Clairière, une maison de campagne isolée dans la forêt. Pour les enfants, La Clairière est un terrain de jeux. La végétation est une surface limitée par une circonférence. Au fur et à mesure que les jours passent, les choses, les affaires, les antagonismes se font jour. Autres lieux, autres mœurs. « À force de silence extérieur, on entend les bruits internes de la terre ». Une terre qui se sent dérangée. Les vacanciers se tournent vers une existence supposée première. Ils se sentent sans frein, en désir, en cruauté, en vertige. Ils n’arrivent pas à percer ce qui ressort à des rites liés à la nature. Des doutes surgissent, une nostalgie imprécise s’insère dans les esprits des vacanciers. On les dirait débarqués sur une île déserte. Le subconscient fait des siennes. L’imagination se débonde. Une idée apparaît et disparaît pour laisser place à une nouvelle improvisation. Orages, perturbations, atmosphère violente, un monde réinventé se substitue au monde habituel des vacanciers. « La soudaineté toujours là / Depuis l’immémorial oubli/ Pas plus que le contact de l’air », écrit Christian Bachelin. Le ciel développe chaleur et d’étranges clignotements. Toute cette histoire a l’aspect d’un conte. Et c’est la raison pour laquelle le livre, comme tombé du ciel en 1971, enflamme le lecteur comme une lumière vive qui s’échappe du sein des nuages. Et par on ne sait quel tour de passe-passe fait disparaître par la même occasion l’auteur poussé on ne sait comment dans l’oubli.

 

Alfred Eibel.

Préface d’Éric Dussert

Buchet-Chastel, 205 p. 15 €.

 
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Publié par le mai 3, 2019 dans Uncategorized