La recette de la Pièce montée de Mary Jane Clark est simple. 1. Prenez une ville: New-York. 2. Ajoutez y ces ingrédients: un mariage, l’amertume d’un amour perdu, une lettre anonyme, un meurtre. 3. Faites les revenir dans l’univers d’une série américaine à succès, A little rain must fall. 4. Saupoudrez le mélange de suspense, de mystère, de rebondissements. 5. Pour faire monter la mayonnaise, rajoutez régulièrement un drame, un crime, des fausses pistes. 6. Faites mijoter le tout à feu doux et vous obtiendrez un savoureux roman à consommer sans modération ! Mary Jane Clark maîtrise à merveille l’art du sucré-salé. Le sucré des pâtisseries et gâteaux confectionnés par Terrie Donovan dans la cuisine de La Cerise sur le gâteau. A New-York, sa renommée n’est plus à faire ! L’actrice vedette de A little rain must fall le sait bien en souhaitant que la mère de son amie Piper Donovan réalise son gâteau de mariage. Le salé, quant à lui, est laissé par le goût amer de crimes glaçants qui viennent perturber le studio où se tourne la série. Le drame ne se joue pas qu’à l’écran, il y a des Morts en coulisses. Chacun essaye d’être un excellent acteur, de cacher sa vraie nature mais « il est difficile de garder bien longtemps ses petits secrets ». Un secret, ça empoisonne la vie, c’est lourd à porter, ça n’est pas éternel. Tic tac tic tac… Le compte à rebours est lancé jusqu’au jour du mariage de Glenna Brooks et Casey Walden : « On ne sait jamais ce qui peut arriver ». Tic tac, tic tac… Prenez garde, « Il y a un malade en liberté » ! Son esprit malin peut à tout moment frapper ! Les raisons de sa colère sont bien dissimulées ! Quelle âme courageuse saura le démasquer ? Le mariage de nos deux tourtereaux sera-t-il célébré ? Les questions se bousculent, les pages se tournent, l’intrigue nous happe, et notre cœur bat la chamade ! Pièce montée est bien plus qu’un drame, qu’un polar haletant aux multiples coups de théâtre, c’est également un livre qui offre une analyse éclairante sur la nature humaine. La méthode est efficace et classique : « plaire et instruire ». Instruire sur la soif inextinguible de reconnaissance, d’ambition, de réussite et d’argent de l’être humain. L’auteur nous interroge sur notre « servitude volontaire » face aux medias et aux réseaux sociaux. Mary Jane Clark essaye peut-être de purifier nos âmes en nous montrant le destin tragique de ceux qui ont fait de cette pensée d’Horace leur devise : « Gagne de l’argent ; la vertu vient après ». Mais qui peut changer l’homme ? Ce roman ? La littérature ? Voltaire vous répondrait « Sachez que le secret des arts est de corriger la nature ». Mais de toutes les passions, il semblerait qu’une soit plus difficile que les autres à purger : l’amour maternel. Il est puissant, bouleversant. Peut-on affirmer comme Agatha Christie que « L’amour d’une mère pour son enfant ne connaît ni loi, ni pitié, ni limite. Il pourrait anéantir impitoyablement tout ce qui se trouve en travers de son chemin » ?
Laurence Eibel
Editions l’Archipel
285 pages, 7,80 €