Roman est un sacré pistolet. Il a de l’ambition, des projets d’ordre artistique. Il guigne, les causes, les effets, des petits bruits désagréables. Il est victime de ce qui lui passe par la tête comme passent les nuages. Las de vivre il le fait savoir, écrit à sa mère, à des connaissances, voudrait faire preuve d’un minimum d’énergie, n’y parvient pas, dissèque la moindre sensation. Il se sent chavirer, frappé de stupeur, s’interroge, compare. Comparaison est déraison. Une nuance de fort peu d’épaisseur le met mal à l’aise. Son esprit imagine ou combine. Quand Roman donne son avis, on lui rétorque qu’on n’en a rien à cirer. Sa vie n’est qu’une suite d’étonnements qui croissent ou décroissent suivant l’humeur du moment. Devant tant d’embûches, il se demande comment acquérir le bonheur éternel comme disent les cons. Ce qui lui échappe dans un discours, c’est quand il s’infléchit. Il trimbale un côté rêveuse bourgeoisie qui freine ses envies. Roman est à la recherche d’une problématique, mot fabuleux, mot bouche trou, destiné aux penseurs lorsque leur horloge personnelle se bloque. La vie de Roman est un toboggan ininterrompu. On peut rapprocher ce personnage de celui d’Oblomov d’Ivan Gontcharov. Mais on peut également déceler ici et là des éléments autobiographiques propres à Matthias Zschokke.
Alfred Eibel.
Roman traduit de l’allemand par Isabelle Rüf.
Éditions Zoé, 192 p. 18,50 €.