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Archives Mensuelles: mars 2018

Soir de la mémoire, de Christian Bachelin

Mes rencontres avec Christian Bachelin (1933-2014). Timidité, contraction spasmodique du diaphragme, le don de faire paraître comme réel ce qui ne l’est point, son agitation, son côté Bartleby, ses partis pris, Stephen King, son grand homme, ainsi résumé ce poète à la prédisposition géniale. Dans Soir de la mémoire, il fait l’inventaire de sa famille. Des rêves, des perceptions, des sensations, l’écho de sa voix inexorable, des éclairages qui changent d’intensité, des « relents du passé », le père enterré, la mère également, l’appartement vide, des vies immobiles lorsque tout se disjoint. Des souvenirs évanescents, des photos en sépia, la morte saison des amours, « l’obscur météorite du passé », l’impossibilité pour Bachelin d’atteindre « le centre du temps » ; Bachelin et son côté Francis Ponge. Georg Trakl appelait cela « d’éphémères images qui sombrent ». En passant, attirons l’attention du lecteur sur l’unique roman de Bachelin, Y seul, distinct de tout ce qui a été publié jusqu’à présent. Une histoire d’amour perturbée sous un grand nuage de jazz, Duke Ellington, George Gershwin, Irving Berlin.

 

Alfred Eibel.

La Table Ronde, coll. « La petite vermillon », préface de Valérie Rouzeau, 138 p., 7,30 €.

 
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Publié par le mars 14, 2018 dans Uncategorized

 

Un début loin de la vie, d’André Blanchard

Dès son premier livre j’ai accroché. Depuis, je n’ai pas raccroché. André Blanchard (1951-2014) a vécu à Vesoul où il faisait l’ange gardien dans une galerie d’art. Il écrit : «  Quel indécrottable casanier je suis, même en pensées ! ». Tant mieux, sans la pollution de Paris. Blanchard constate au fur et à mesure de ses lectures, ayant l’habitude d’avoir plusieurs livres en route, que chez le grand et le moins grand écrivain, il y a les bons morceaux et les bas morceaux. Blanchard a compris que les réputations les plus établies reposent sur des pieds d’argile. Un bon bouquin, repris des années plus tard, peut s’avérer ridé. Oui, notre ami affectionne la formule qui pète. Il ne s’en laisse pas conter, lisant, écrivant, il peut être conquis par un écrivain (sans l’être tout à fait). Il savoure les « sourires désabusés » d’Henri Calet. Calaferte, Gide, Green, Léautaud, Mauriac sont scrutés avec attention. Ne comptez pas sur lui pour être charitable ! Il constate ici et là chez un écrivain établi, une légère déglingue, des faiblesses mais aussi des étonnements. Prêt à bondir lorsqu’il relève chez l’un d’entre eux des longueurs. Trop de fracas, trop de charabia, trop d’imbécillités. Dans la grande braderie littéraire, à chaque saison, il se rend compte de ce défaut constant de la littérature : l’intellect prend le dessus sur la sensation. Bien évidemment, il aime Marcel Aymé, E.M. Cioran, Etiemble, avec un net penchant pour la littérature autrichienne. Il appartient à ces lecteurs qui estiment E.M. Remarque sous- évalué. On regrettera longtemps André Blanchard. Il lisait avec attention (cette concentration de l’activité mentale).

 

Alfred Eibel.

Le Dilettante, 316 p., 20 €.

 
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Publié par le mars 14, 2018 dans Uncategorized