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Archives Mensuelles: novembre 2019

Paris sur zinc, d’Alain Schuster

Si vous ne connaissez pas le Xe arrondissement de Paris d’une époque lointaine, le moment est venu de lire ce livre. Au bistrot Chez Tino vous êtes sûrs de rencontrer des phénomènes. On se dévisage, on se plie aux formules, on jacte, on tisonne des vieux souvenirs, on se lance des vannes, on se vante, on se fait comédien, on vagabonde avec le langage. Du barouf, il y en a à foison surtout lorsqu’on sursaute devant quelques gueules d’enfer. Des gens à la coule, des caïmans qui fichent la trouille. Entendre pérorer Toubib, la mémoire du quartier, c’est un peu se retrouver dans un Ulysse joycien entouré de bricoleurs. Il suffit qu’une gonzesse se fore une place dans ce rade pour qu’aussitôt on la confonde avec la môme-vert-de-gris. Ici tout le monde en tient une couche. Cafés et pastis font rivière. Chacun essaime tant qu’il peut. La provoc est de rigueur. Nous sommes en présence d’une nouvelle traversée de Paris. Des clients mal embouchés s’évertuent à faire des niches. Il arrive que Toubib se lance dans une superbe leçon d’histoire du vieux Paris devant un parterre de tarés, de termites, de traine-lattes. Parfois la connerie se taille des costards. Des solitaires se retrouvent comme chez Edward Hopper. Pour durer au milieu d’un bruit d’approbation ou d’improbation, on a intérêt à la boucler et à siroter tranquillos son café-calva. Calmos pourrait-on dire pour se faire oublier.

Alfred Eibel.

Éditions Godefroy de Bouillon, 416 p. 29 €.

 
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Publié par le novembre 17, 2019 dans Uncategorized

 

L’homme qui parle suivi de Quel Dieu pour le XXIe siècle ?, de Gilles Cosson

Survivant d’une catastrophe nucléaire, un homme part à la recherche de ce que peut encore exprimer une civilisation. Plutôt qu’un gentil conte voltairien, on a affaire à ce qu’exprimait Ray Milland dans un film qu’il a réalisé intitulé Panique année zéro (1962). Dans sa fuite, notre homme va rencontrer des obstacles auxquels il ne s’attend pas ; devenir son propre sherpa face à ce qui s’oppose à son propre passage. Il possède néanmoins une flamme intérieure. Chacune de ses émotions se métamorphose en turbine. Il pourrait reprendre à son compte ce qu’écrivait Philip K. Dick : « Suis-je moi-même ou une ombre qu’un autre a envahi et manipule comme une marionnette ». La catastrophe qui a frappé la terre semble avoir épargné une femme, puissante directrice ; des hommes aux relations féodales, des serviteurs dilatoires appartenant à une communauté habitée par une nouvelle doctrine. Gilles Cosson s’interroge sur un monde asservi aux forces contraignantes, faites de silence, de solitude et hiérarchisé en diable. On pourrait nommer ces êtres des « convaincus » comme on en trouve dans Hommes de pierre de Rex Warner. Comment quitter cette forme d’ivresse qui saisit le terrien ; comment sauver sa peau ! Par une nouvelle forme de spiritualité ? Mais notre romancier semble en douter. De cet état d’esprit qui constitue une réalité indépendante et supérieure. Sans pour autant sombrer dans le défaitisme.

Alfred Eibel.

Pierre-Guillaume de Roux éditeur, 287 p. 18 €.

 
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Publié par le novembre 17, 2019 dans Uncategorized