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Max Genève, Le transformiste

17 Juil

Peut-on parler de héros ? Jean Jannessaint est un homme sans caractéristiques particulières. On ne le remarque pas assez, il nous oblige à le remarquer en se déguisant, entrer dans la peau d’un autre, devenir celui que l’on va respecter. Quelle victoire devant tant d’êtres interchangeables ! Qu’il soit costumé en cardinal, en médecin, l’essentiel est de duper son monde. La crédulité atteint des sommets inespérés. Jean n’en revient pas. D’où notre transformiste doté d’une imagination débordante. Les mensonges qu’il profère l’étonnent lui-même. L’espèce d’imbécile heureux envahit le monde ; l’incurieux a une belle descendante ; les égoïstes, on a du mal à les compter ; le bel indifférent se reconnait à son rire niais ; le gobe-mouche aux plis du front. Janessaint lui-même, vis-à-vis de quelques femmes, se sent devenir quelqu’un. Il n’est plus cet être interchangeable, ce clone, ce pince sans rire que quelques femmes considèrent tout à coup attachant. C’est aussi un comédien d’expérience. Sans relief mais passant d’un déguisement à l’autre avec aisance. Il lui faut acquérir de l’épaisseur. Voilà qu’il est repéré par un ministère, recruté pour ses aptitudes, pour ses capacités, pour son habileté. Tantôt en agent double, tantôt en fonctionnaire. Le médiocre triomphe toujours. « Je l’ai voulu sans doute, et je le veux toujours » (Jean Racine). Face aux têtes vides, un virtuose est vite repéré. Max Genève donne à réfléchir, crée un homme simple. On n’est jamais soi-même que travesti.

Alfred Eibel.

Serge Safran éditeur, 195 p. 16 €.

 
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Publié par le juillet 17, 2017 dans Uncategorized

 

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