Écrivain inclassable, Michel Perrin (1918 – 1994), un penchant à voir et à savoir, pasticheur et journaliste à Télé 7 jours, plume agile qui lui a permis de connaître des succès notamment au théâtre avec Darry Cowl dans Docteur Glass. Ami de Max Jacob et d’Arletty, le bonheur était son couvre-chef. Remi Perrin retrace la vie de son père avec minutie et bienséance, couvrant ainsi une époque aux instants privilégiés où quelques célébrités ont émergé, aujourd’hui disparues à jamais des mémoires, il faut le souligner. Michel Perrin avait la rage de vivre, titre du fameux bouquin de Mezz Mezzrow. Je me souviens encore de nos nombreux déjeuners durant lesquels nous évoquions notre passion commune du jazz, de musiciens que nous avions rencontrés comme Louis Armstrong, Duke Ellington, Earl Hines, Lionel Hampton, Willy « The lion » Smith, ou écoutés comme Jerry Roll Morton, Fats Waller, Kenny Clark ou Benny Carter. À ce sujet, Remi Perrin écrit : « L’amour du jazz a joué un rôle disproportionné dans la vie de mon père ». En lisant ce livre, on met un pied dans une autre époque. On fait de la décalcomanie, procédé par lequel on décalque des images peintes sur du papier. Remi Perrin décalque avec justesse des images furtives de la vie de son père qui emballent une époque.
Alfred Eibel
Éditions Via Romana, 123 p.18 €.