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Café panique, suivi de taxi stories, de Roland Topor

15 Sep

À déguster les unes après les autres ces histoires nées d’une fréquentation assidue d’un nombre incalculable de bistrots, plusieurs réflexions s’imposent. Les situations les plus invraisemblables montrent que la réalité dépasse la fiction ; que les modulations du rire suivent immanquablement les histoires à dormir debout ; que ce qui est bizarre, comme la revue du même nom, est cent fois plus crédible qu’un banal fait-divers. Roland Topor (1938-1997) romancier, cinéaste, dessinateur, acteur halluciné du Nosferatu de Werner Herzog, mêle la déraison au trait méchant. Sardoniques et grinçantes, ses histoires créent des sueurs froides. Sa marque de fabrique : « la déformation expressive ». Sa méthode : bousculer les pièces sur l’échiquier du quotidien en se passant des règles. Il sous-entend : réfléchir c’est mentir. Pour en avoir fait l’expérience, il sait que l’absurde s’impose au détriment de la logique. Pour Topor, la civilisation est aussi fragile que Le Grand Verre de Marcel Duchamp. Il note « la moralité se perd aussi vite que les dents ». Il est par ailleurs convaincu que les paranoïaques ont de vrais ennemis. Il nous livre l’histoire d’un chirurgien « qui s’est oublié dans le ventre de son patient ». Là où il révèle son génie, c’est quand il affirme avec l’assurance qui le caractérise que « tous les lieux se valent, surtout quand ils ne valent pas grand chose ».

Alfred Eibel

Editions Wombat, 186 p., 16 €.

 
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Publié par le septembre 15, 2012 dans Uncategorized

 

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